Voilà bien longtemps que je n’avais pas épingler un dossard sur mon maillot, en dehors des cyclosportives bien sûr. En ce 15 août dernier, il était temps de remettre le pied à l’étrier pour reprendre le rythme des courses avant d’aborder la fin de saison. Étant en vacances à la pointe sud de la Bretagne, j’avais repéré une course pas trop éloignée de mon lieu de villégiature, dans la banlieue de Quimper à Ergué-Gabéric très précisément. C’était là une bonne occasion de goûter au cyclisme breton dont on m’avait déjà tant vanté la ferveur …
Un circuit difficile parfait pour moi
Cette course d’Ergué-Gabéric se courrait dans le cadre de la fédération FFC, en 3ème catégorie et Juniors. Je cours habituellement dans la catégorie en dessous, mais la licence Pass’Cyclisme Open me permet d’accéder à ce type de course. N’ayant pas été confronté à ce niveau depuis plusieurs mois, connaissant le niveau élevé du cyclisme breton et étant donné mon manque de compétition, je me rendais sur les lieux sans grand espoir de résultat probant.
En arrivant sur place, je constate rapidement et avec surprise que l’organisation est plutôt au poil. Un grand camion fait office de podium, 200 mètres de barrières sont disposées de chaque côté le long de la ligne droite d’arrivée, bref ça commence bien ! Je récupère mon dossard puis me prépare et m’élance pour quelques tours d’échauffement. J’espérais évidemment qu’il y ait quelques bosses (vous me connaissez !) mais la montée qui se présente sous mes roues me laisse rêveur ! Après une longue descente et un kilomètre de plat, le circuit du jour nous propose une ascension d’un petit kilomètre en paliers successifs, avant de replonger dans une double cuvette pour se retrouver face à un mur de 300 mètres qui nous permet de rejoindre l’arrivée !
Même à l’échauffement, je suis obligé de m’employer pour passer ces difficultés. Je me résous à l’évidence, je pourrais difficilement faire un résultat sur un tel circuit vu le niveau …
Vient le moment du départ. Tout le monde se place sur la ligne, nous sommes environ 80 et le speaker commence son discours. Au bout de quelques secondes, il nous annonce que la dotation en prime est de … 1000 €, en plus des primes de la fédération ! Non, vous ne rêvez pas et moi non plus, je n’ai jamais pris part à une course aussi richement dotée. Même si je ne fais pas de vélo pour l’argent, puisque ça me coûte environ 10 000 fois plus que ce que ça me rapporte, il faut avouer que ça a au moins le mérite de remplir les pelotons …
Passées ces données financières, il est temps de lancer la course. Le départ est donné en haut d’une descente, qui est avalée grand train. J’essaye tout de suite de remonter vers l’avant, mais ça frotte beaucoup avant la première ascension. Il y a 20 tours de circuit à effectuer, mais tout le monde veut se tester. Je remonte in extremis dans les premières positions, et entame sagement cette première montée. Évidemment, le rythme est soutenu, mais je parviens à m’accrocher sans soucis. Plusieurs coureurs tentent de s’échapper, mais notre imposant peloton revient à chaque fois. Les deux premiers tours sont bouclés à vive allure, chaque bosse étant le théâtre de nombreuses offensives.
Au troisième passage, un petit groupe d’échappés s’est constitué. Rassuré par mes sensations, je tente de partir en contre dans la première montée du circuit. J’y vais vraiment franchement, mais on ne me laisse pas partir. Ces différentes accélérations ont quand même fait des dégâts, puisque notre peloton est déjà amputé d’un bon tiers. Je rentre sagement dans le rang pour souffler un peu, alors que d’autres coureurs tentent de rejoindre l’échappée.
Celle-ci sera rapidement constituée de 5 hommes qui prennent un peu de champ, et je me dis à ce moment là que la course est déjà jouée …
Pas loin de la gagne, mais le manque de rythme se paye cher !
Pourtant, notre groupe imposant ne baisse pas les bras. Je suis moi même bien en jambe et participe activement à la poursuite en assurant quelques relais. Après avoir accusé pas loin de 50 secondes de retard, nous grignotons petit à petit puis revenons finalement sur ce groupe d’échappés à mi-course. Je suis tout étonné d’entre encore là à jouer la victoire, mais ma joie sera de courte durée.
Alors que le tempo est toujours élevé, je commence à accuser le coup et sent mes muscles des cuisses qui se raidissent sérieusement. Je m’alimente et bois beaucoup, écartant le risque de crampes, mais ce premier avertissement me met sur les gardes : le moindre effort violent me sera fatal.
La course poursuit son cours et les tours s’enchaînent, assurant un travail de sape sur notre groupe qui perd régulièrement des unités. Nous ne sommes bientôt plus qu’une vingtaine en course, et à environ 5 tours de l’arrivée, certains costauds partent à l’attaque. Un par un, quelques coureurs parviennent à sortir et constituent un nouveau groupe d’échappée. J’hésite à y aller à mon tour, mais je sais que la moindre accélération franche risque de me bloquer les jambes avec des crampes.
Je hausse quand même le ton en restant au train, et on ne se retrouve plus qu’à 4 coureurs en contre, à peine 15 secondes derrière le premier groupe d’échappés. Je fais le forcing dans chaque bosse du parcours, prenant à chaque fois quelques longueurs sur mes compagnons de route, mais cela ne suffit pas et le groupe de 8 creuse inexorablement l’écart.
Je sais bien qu’il sera impossible de rentrer, mais je ne relâche pas pour autant mon effort. Il ne reste plus beaucoup de kilomètres à parcourir, et le top 10 est encore jouable. Je suis le plus frais du groupe et chaque montée me permet de mettre en difficulté mes adversaires. Je les attends pourtant à chaque fois, ne me sentant pas capable de finir la course seul en roulant à 45 km/h sur les parties planes.
Les derniers tours défilent rapidement, et je me prépare psychologiquement pour aller chercher la 9ème place. La dernière montée est en vue, et je sais qu’il va falloir la passer à bloc. Peine perdue, un des 3 coureurs qui m’accompagne place une violente attaque que je suis incapable de suivre. Les crampes envahissent rapidement tous les muscles de mes jambes, et je serre les dents pour basculer au sommet avec une bonne avance sur les deux autres.
Je franchis la ligne en 10ème position, exténué mais content de cette performance vu le niveau. Pour une reprise de la compétition, les sensations étaient vraiment bonnes et je suis certain qu’avec un peu plus de rythme dans les jambes, j’aurais pu sans problèmes jouer la victoire jusqu’au bout …
J’ai donc pu ainsi gouter avec plaisir au cyclisme breton sur un parcours me convenait à merveille. Espérons que cette bonne condition physique me suive jusqu’à la fin de la saison !