Comme tous les ans depuis bientôt un décennie, la fin du mois d’Août est marquée dans le Nord par un grande manifestation autour du cyclisme, le Chti Bike Tour. Pendant tout un weekend, tous les passionnés de la petite reine sont les bienvenus pour parcourir les routes des Flandres, à cheval entre la France et la Belgique, en VTT ou sur la route. Point d’orgue de cet évènement, la cyclosportive “La Laurent Desbiens” se dispute cette année le dimanche sur un beau parcours qui sillonne mes routes d’entraînement. Une bonne occasion de briller …
Un temps maussade pour saper le moral
Ayant axé ma préparation sur cet objectif pour ma fin de saison, je me présentais au départ de cette Chti Bike 2013 avec de belles ambitions, et la volonté d’accrocher un top 10. Ma course de l’an dernier m’avais franchement déçu, car je n’avais pu obtenir qu’une peu reluisante 69ème place alors que j’avais souffert d’une petite gastro quelques jours auparavant …
Pour cette fois, j’étais en pleine forme et prêt à en découdre avec la colonie belge venue se frotter à nos routes. Malheureusement pour moi, vous commencez à le savoir, je n’aime pas la pluie. Et contrairement à la belle semaine que nous avions passé, ce sont des trombes d’eau qui s’étaient abattues sur Armentières la veille de la course. Cela n’était pas fait pour me rassurer, mais au réveil le dimanche matin, le sol était sec et les gros nuages qui planaient au dessus de nos têtes gardaient pour le moment toutes leurs gouttes.
Nous prenions place avec mon équipier Jean-Baptiste dans le sas prioritaire, et prenions le temps d’observer les forces en présence. Malgré le temps maussade, il y avait du beau monde sur la ligne, avec notamment un champion de France Ufolep et quelques gros calibres de nos pelotons du Nord. Mais c’est du côté des belges qu’il fallait se méfier …
Le départ était donné de la base de loisir des Près du Hem à Armentières, et les 3 premiers kilomètres étaient neutralisés jusqu’à un arrêt à Nieppe pour donner le départ réel. Ces kilomètres derrière la voiture du directeur de course étaient déjà très tendus, car chacun voulait remonter à l’avant du peloton pour le début de course.
Malgré cette crispation générale, je parvenais à remonter en tête de groupe, et je me plaçais idéalement au second rang sur la ligne de départ réelle. Une fois le départ donné, je tâchais de rester à l’avant, car je savais que le premier passage dans la zone des Monts des Flandres n’allait pas tarder. Sans prendre de vent, je parvenais à me maintenir dans les 20 premières positions, voyant les premières attaques se former alors que nous roulions à plus de 50 km/h ! Je voyais JB remonter également, et mettre sa petite attaque pour son traditionnel échauffement, mais sa petite échappée ne durait malheureusement pas bien longtemps. Pour ma part, j’attendais sagement les premières ascensions, afin de produire mon effort sur un terrain qui me convenait mieux …
Au top dans les bosses, mais ça part sur le plat !
Comme l’an dernier, j’abordais le premier mont idéalement placé, et pouvais constater rapidement que j’étais dans l’allure. Je basculais au sommet en suivant les meilleurs, espérant qu’une cassure se formerait naturellement. Le Mont Rouge était vite avalé, puis nous enchaînions sur quelques petites bosses avant de grimper la fin du Mont des Cats.
Une fois encore, je suivais les roues des premiers et j’enchaînais sur une descente rapide. Une fois revenu sur le plat, un rapide coup d’œil à l’arrière me faisait vite comprendre qu’il y avait moyen de faire exploser cet imposant peloton. Celui-ci était très étiré, et je mettais les bouchées doubles à l’avant pour forcer l’allure. Quelques coureurs particulièrement puissant n’arrêtaient pas d’attaquer, et je suivais les coups tant bien que mal, souvent en compagnie du champion de France Franck Duynslager. Je continuais à maintenir la pression pendant une dizaine de kilomètres, alors que la pluie commençait à faire son apparition.
A force de boucher des trous et d’attaquer sans parvenir à creuser l’écart, je choisissais finalement de me laisser glisser de quelques places en arrière pour souffler un peu dans les roues. Mais les plus costauds n’étaient pas encore prêts à rendre les armes. Toujours sur le plat et alors que nous roulions entre 45 et 50 km/h, les attaques se multipliaient et un petit groupe finissait même par se former.
Je comprenais vite que ces hommes à l’avant pouvaient se montrer dangereux, mais je me disais en même temps qu’à 90 km de l’arrivée, il fallait être un peu fou pour s’échapper maintenant …
C’est donc un groupe de 8 hommes qui prenaient les devants, creusant assez rapidement un écart de plus d’une minute. Derrière, le peloton faisait rideau, car toutes les grosses équipes belges étaient représentées devant. Au détour d’un virage sur la gauche, je manquais de m’affaler au sol en glissant sur un passage piéton humide, mais je rattrapais mon vélo in extremis ! D’autres derrière moi n’avaient pas cette chance, et j’entendais le fracas des vélos sur le sol. La chute s’étant produite dans mon dos, je ne pouvais pas voir qui était impliqué. Je ne le savais pas encore, mais mon coéquipier JB ne s’en relèverait pas …
Des tentatives dans le final
Notre peloton continuait sa route en vue du Mont des Cats, qui était assez vite avalé. J’essayais d’accélérer le rythme dans chaque ascension, constatant que j’avais de très bonnes jambes dès que la route s’élevait … Malheureusement, il était très difficile de faire un vrai écart dans ces bosses plutôt courtes. Les gros rouleurs revenaient sur nous, et procédaient à un regroupement de notre peloton de contre.
Je retournais en milieu de paquet, alors que nous n’étions plus qu’une quarantaine à la poursuite des 8 hommes de tête. Ceux-ci creusaient régulièrement l’écart, et la cause était entendue pour la victoire. Pour ma part, je ne voulais pas trop m’user dans les relais sur le plat, préférant économiser mes forces pour le second passage des monts. Avant cela, quelques attaquants formaient une bordure, que je parvenais à intégrer, disloquant encore un peu plus notre groupe.
Puis nous arrivions assez rapidement au pied du Mont Noir, montée que je connais parfaitement. Je me plaçais tout de suite dans les 3 premières places, et suivait les meilleurs grimpeurs du groupe pour basculer au sommet avec une légère avance … qui était comblée par nos poursuivants dans la descente. Ce scénario se répétait dans les autres montées, jusqu’au Montberg où je passais une fois encore le sommet dans les premières positions du groupe.
Mais il n’y avait rien à faire, tout le monde s’accrochait et notre peloton se reformait à chaque retour sur le plat. Je savais à ce moment qu’il restait une quinzaine de kilomètres de plat, et j’avais encore des fourmis dans les jambes. Plutôt que d’attendre un sprint où je n’avais rien à gagner, je tentais de m’échapper à plusieurs reprises, mais ne parvenais pas à emmener avec moi d’autres coureurs motivés pour rouler.
Deux hommes sortaient en costaud, pour jouer les 9ème et 10ème place, et obtenaient un bon de sortie de la part des équipes belges. Je terminais ce Chti Bike Tour 2013 dans ce groupe, au terme d’un sprint très rapide pour lequel je me présentais très mal placé. J’obtenais une peu reluisante 29ème place, un peu loin de mon objectif d’intégrer le top 10.
Mais cette relative déception n’était rien à côté de la mauvaise nouvelle qui m’attendait sur la ligne d’arrivée. J’apprenais que JB avait chuté dans le virage où j’avais glissé, et qu’il avait été évacué en ambulance pour passer des radios. Le verdict ne mit pas longtemps à tomber : fracture du col du fémur ! Voilà mon équipier, amis, binôme, au tapis pour quelques semaines. Heureusement, son opération s’est bien passé, et le moral est bon.
La fin de saison se fera donc sans JB, mais avec une grosse motivation pour enfin lever les bras cette année !
3 thoughts on “Un Chti Bike Tour 2013 au goût amer …”