Comme pour le Grand Prix d’Annequin la semaine dernière, je commence à bien connaître la course de Saint Quentin les Aires. Cette épreuve est réservée aux coureurs de la catégorie Pass’Cyclisme et se déroule le plus souvent sous le soleil alors que j’ai de la famille qui habite dans le village d’à côté. Toutes les conditions sont donc généralement réunies pour que je sois motivé, et c’était encore le cas cette année. Malheureusement, le parcours relativement plat favorise les gros rouleurs, catégorie de cycliste à laquelle je n’appartiens pas. Et pourtant …
La guerre de bout en bout pour la dernière Pass’ de l’année
Au départ de ce GP de Saint Quentin 2014, nous ne sommes qu’une cinquantaine de coureurs. Je suis assez surpris car le beau temps est de la partie et la course réunit plus de monde d’habitude. Qu’importe, il y a quelques équipes locales bien représentées, et malgré ma forme du moment je ne pars pas favoris en étant tout seul du club. Je sais que ça risque de rouler vite, il va falloir être vigilent pour prendre le bon coup.
Le départ est donné sous le soleil et trois coureurs partent directement en échappée. Le peloton musarde un peu avant de se mettre vraiment en route, et les offensives commencent à se multiplier. Les trois coureurs de tête ont une bonne trentaine de secondes d’avance, et derrière c’est la guerre. Tous les hommes forts y vont de leur grosses attaques et se neutralisent tout aussi vite, laissant à notre trio un peu de champ. Je participe moi aussi à ce début de course animé, tentant plusieurs fois de sortir en vain. Je ne ménage pourtant pas mes efforts, mais je me retrouve à chaque fois avec des coureurs qui ont du mal à enchaîner une fois la cassure créée. Du coup, le peloton revient à chaque fois alors que les trois attaquants du début de course caracolent toujours en tête.
Je m’efforce à rester à l’avant et me glisse dans tous les coups, si bien que j’ai un sérieux coup de pompe au bout d’une heure de course. J’ai de plus en plus de mal à récupérer et les à coups incessants ne plaident pas en ma faveur. Je prend quand même le temps de bien me ravitailler, ce qui me permet de retrouver rapidement un bon coup de pédale.
J’en profite pour partir à nouveau à l’offensive mais une fois de plus, alors qu’un petit groupe se créé, personne n’est capable de prendre de gros relais pour creuser définitivement l’écart. Ce scénario s’était déjà produit l’an dernier et je sens que ça va se jouer au sprint.
Un excellent sprint mais pas pour la gagne
Alors que l’on rentre dans les vingts derniers kilomètres de course, l’échappée du début abdique enfin. Ce n’est pas pour autant que le peloton laisse plus de chance à d’autres attaquants, car les offensives sont inlassablement reprises. Je me calme un peu, me contentant de suivre les attaquants les plus dangereux. Dans les derniers tours, je sens que ça peut vraiment exploser car chaque attaque met tout le monde à la planche. Aucune échappée n’arrive pourtant à se dégager, mais il ne manque pas grand chose.
C’est déjà le dernier tour et au passage sur la ligne, le peloton est encore complètement groupé. Je profite d’un moment de flottement pour placer une petite attaque au début du dernier tour, sans trop en faire car je sais qu’il sera bien compliqué de tenir un tour tout seul. Je relâche mon effort voyant que le peloton est tout proche, et c’est à ce moment là qu’un coureur place une grosse attaque et me passe à droite alors que je me retourne à gauche. Il est un peu tard pour réagir et je vois que le peloton revient, je me dis que cette attaque est encore une fois peine perdue. Quelle erreur !
Alors que je pense que le peloton va embrayer derrière ce nouvel attaquant, les premiers coureurs qui me rejoignent se calent dans ma roue alors que je ne roule plus très vite. Quelques secondes passent avant que d’autres coureurs relancent l’allure, mais je sais qu’il est déjà trop tard et que l’homme de tête ira au bout. Je me replace dans les roues pour récupérer un peu, alors que le peloton accélère franchement. Il était temps, l’attaquant a déjà une belle avance !
Je me focalise sur le sprint, espérant sans trop y croire que le peloton pourra revenir. De toute façon, je ne pourrais plus aller chercher seul l’homme de tête. Au dernier virage, un petit kilomètre avant la ligne, je comprend que nous courrons pour la seconde place. Je suis déçu mais me concentre quand même, essayant d’attraper les bonnes roues pour cette dernière ligne droite en faux plat montant puis vent de face.
Le peloton accélère loin de la ligne, je suis bien placé mais je vois des coureurs revenir très vite sur ma gauche. Je saute dans leurs roues et lance mon sprint, remontant un bon paquet de coureurs. Je m’arrache, revient petit à petit vers la première position mais il faut que je me décale sur la gauche de la route pour passer dans un trou de souris. Je lève la tête et voit une nuée de photographe droit devant moi sur la chaussée, j’hésite à y aller … trop tard ! En relâchant mon effort à 15 mètres de la ligne je ne prend que la 3ème place du sprint, synonyme de 4ème place au final.
Même si j’ai livré un des plus beaux sprint de ma « carrière » de cycliste, c’est encore pour une place d’honneur. Ma saison 2014 est réussie, mais il me manque encore cette petite victoire qui viendrait couronner le tout. Ce n’est quand même pas facile d’exister dans le Nord quand on est pas un vrai rouleur …