Le 1er mai est souvent un jour de fête, où le beau temps est de la partie, et où les coureurs Ufolep du Nord se réunissent pour la course de Verlinghem. Celle-ci avait pour moi une saveur particulière cette année, puisque je fais parti depuis le début de saison du CC Verlinghem, club organisateur de cette manifestation sportive. Malheureusement, si la course s’est bien déroulé, un terrible drame nous attendais peu après l’arrivée, et c’est avec une pointe d’émotion que je souhaite rendre hommage à Jérôme Hu, qui s’est éteint bien trop tôt, victime d’un malaise cardiaque.
Malade, bonnes jambes mais pas de résistance
Malgré ma motivation et mes envies de bien faire sur cette course organisée par mon club, je n’abordais pas cette épreuve dans les meilleurs conditions. Ayant été malade la veille, et malgré une bonne nuit de sommeil, j’étais encore un peu fébrile au réveil, et je sentais bien que je n’allais pas être très performant sur le vélo. Qu’importe, je ne pouvais pas louper ce rendez-vous important de ma saison, et je voulais faire honneur à mon nouveau maillot.
Heureusement, le soleil étant de la partie, je pouvais m’échauffer sans aggraver mon gros rhume, et je prenais place en première ligne au côté de mes équipiers pour prendre le départ. Dès les premiers tours de roues, je sentais que mon état de santé ne me permettrais peut-être pas de jouer la victoire, mais que les jambes répondaient quand même bien. Mon équipier Jean-Baptiste choisissait d’attaquer dès le départ, et lançait la première échappée du jour pour faire plus d’un tour en solitaire avant d’être repris.
Je suivais à mon tour quelques attaques, mais je ne pouvais accrocher les roues des meilleurs qui allaient vite former une échappée très dangereuse.
Nous comptions à l’avant au moins cinq hommes, tous très bon rouleurs. Ils allaient vite prendre une trentaine de secondes d’avance, avant que nous décidions avec mes équipiers de rouler pour revenir sur ce groupe. Malgré nos efforts, l’écart ne faiblissait pas, et les quelques coureurs qui nous aidaient dans notre tâche n’étaient pas forcément mieux armés que nous pour boucher le trou. Pour compliquer notre tâche, les équipiers des échappés faisaient bien leur travail en désorganisant notre poursuite quand ils en avaient l’occasion.
Pour ma part, je roulais à fond sans calculer mes efforts, sentant bien que je ne pouvais rien espérer à titre personnel. Les kilomètres défilaient, mais nos efforts étaient vains, l’écart grandissant toujours à chaque passage sur la ligne. Je commençais à avoir beaucoup de mal à prendre mes relais, et à 6 tours de l’arrivée, quelques coureurs commençaient à vouloir jouer les places d’honneur. Notre peloton était alors secoué par de nombreuses attaques, sans que personne n’arrive vraiment à ressortir.
Je m’accrochais tant bien que mal dans les roues, et j’aurais bien aimé pouvoir me défendre et attaquer à mon tour. Mais c’était vraiment un jour sans pour moi. Dans le dernier tour, quelques coureurs parvenaient à former un contre, puis JB prenait place dans un troisième groupe, pendant que le puissant Greg Arhab s’imposait en solitaire. Je terminais ma course au sein du peloton, en réalisant un sprint calamiteux, quasiment incapable de me dresser sur mes pédales … Si la déception était de mise, je n’imaginais pas le drame qui était en train de se jouer.
La famille du cyclisme endeuillée
En effet à quelques dizaines de mètres de moi, alors que je débriefais avec mes amis venus me supporter, Jérôme Hu, un coureur de notre catégorie était victime d’un arrêt cardiaque juste après s’être arrêté. Je ne me suis rendu compte de la situation qu’une bonne demi-heure plus tard, en me rendant à la cérémonie des récompenses, où régnait une ambiance bien triste. J’apprenais alors le malaise de Jérôme, et sentait bien que la situation était bien mal engagée.
Quelques jours plus tard, scrutant la moindre information sur Facebook pour en savoir plus sur l’évolution de son état de santé, j’apprenais le décès de Jérôme.
Même si je ne l’ai pas connu personnellement, j’ai côtoyé ce coureur depuis les trois dernières années et mon arrivée dans la fédération Ufolep. J’ai souvent été confronté à lui, et savoir qu’il s’est fait faucher par la vie si jeune fait mal au cœur. Jérôme Hu était marié, père de deux filles, et un cycliste passionné et apprécié de tous. La famille du vélo est aujourd’hui endeuillée car elle perd un des siens, et c’est toujours une pensée difficile à accepter.
Son meilleur ami David Laleu lui a rendu un vibrant hommage ce dimanche, en remportant la course de Salomé, aidé par d’autres coureurs qui voulaient saluer la mémoire de notre collègue de route trop tôt disparu. J’adresse à sa famille et ses amis mes plus sincères condoléances, et leur souhaite beaucoup de courage pour affronter cette terrible épreuve. Nul doute qu’il veillera sur vous, vos joies, vos peines, et vous soutiendra dans vos futures exploits …
Il était père de 7 enfants.