C’est avec beaucoup de retard que je me suis attaqué à la lecture du dernier livre du regretté Laurent Fignon, Nous étions jeunes et insouciants. La lecture de livres n’est pas mon activité favorite, mais il faut avouer qu’avec le tapage médiatique qu’a suscité ce livre, je ne pouvais faire l’impasse sur celui-ci. Je ne regrette pas d’avoir passer quelques heures à tourner ces pages, ça en vaut la peine. Analyse …
Une vie de champion
Comme chacun ne le sait peut-être pas, Laurent Fignon était un crack, un surdoué du vélo, qui gagna deux tours de France alors qu’il avait à peine 24 ans. Ce genre d’exploit serait aujourd’hui sur médiatisé, et déjà à l’époque, il fut au sommet de sa gloire très tôt dans sa carrière.
Nous étions jeunes et insouciants, c’est avant tout l’histoire de Laurent Fignon, qui nous apporte dans l’ordre chronologique des petites anecdotes de sa vie de coureur cycliste. On y apprend que dès ses premières années sur le vélo, le petit Fignon se baladait déjà, et même s’il ne rêvait pas encore de carrière professionnelle, il était déjà sûr de son fait.
Passé professionnel assez tôt dans la grande équipe Renault, il n’allait pas tarder à montrer l’étendue de son talent à toute la planète cyclisme, au nez et à la barbe de son leader de l’époque, le redoutable Bernard Hinault. Suite à ses deux victoires dans le Tour de France, Laurent Fignon fut victime d’une blessure qui entacha à jamais la suite de sa carrière.
Comme il l’explique très bien, il ne retrouva jamais le coup de pédale de sa jeunesse, et passa son temps entre hauts et bas, à rechercher sa meilleure forme.
Ce que je retiens principalement du récit de cette carrière exceptionnelle, c’est qu’on ne devient pas un champion, on naît champion ! Je crois sincère Laurent Fignon quand il raconte qu’il gagnait parfois des courses sur sa classe, alors même qu’il n’était pas vraiment en forme. Je le crois aussi quand il dit qu’il connaissait des jours de grâce, où rien ne pouvais l’arrêter, et pendant lesquels ils mettaient ses adversaires dans le rouge, sans se faire mal aux jambes.
D’autres fois, c’est l’orgueil qui le faisait avancer, et triompher ! C’est ça un champion …
Parler de dopage franchement
Nous étions jeunes et insouciants, c’est aux yeux de la presse le livre ou Fignon a avoué s’être dopé. C’est vrai, il explique à plusieurs reprises avoir eu recours à des produits interdits, ce qui ne lui a pas toujours réussi d’ailleurs. Il faut dire que dans les années 80, le dopage était plutôt artisanal, et les effets secondaires parfois ravageurs. Ceux qui ont vu le film “Le Vélo de Ghislain Lambert” savent de quoi je parle …
Ce qui frappe dans les chapitres parlant de dopage, c’est le virage médical qu’à pris le peloton au début des années 90. Laurent Fignon, témoin privilégié de cette transformation, a vu des choses incroyables, et des coureurs médiocres devenir des stars en quelques semaines. Le vélo ne serait jamais plus comme avant …
La fin du livre aborde la reconversion, toujours difficile pour un sportif de haut niveau. Fignon avait quand même bien préparé son affaire, ayant pris part de façon intensive dans la gestion des équipes pour lesquelles il avait été coureur. Mais quitter le milieu fermé du vélo, c’est aussi revenir à la réalité, ce qui peut parfois être brutal !
Fignon évoque ainsi le rachat de Paris-Nice, une épreuve qu’il aimait tant, son combat avec ASO, puis sa carrière de consultant pour Eurosport puis France Télévision.
On peut le dire, cet homme légendaire aura eu une vie bien remplie, mais malheureusement trop courte. Nous étions jeunes et insouciants restera à jamais comme le témoignage d’un coureur exceptionnel, au cœur d’une période encore bien calme, et pendant laquelle la hiérarchie était respectée, malgré les mauvaises habitudes des uns et des autres …
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Laurent Fignon avait mon âge . Ce fût un grand champion , mais il est surtout connu pour avoir perdu le TDF pour 8s. J’ai vu en direct cette étape . Il n’a rien dit sur le coup mais on a su après qu’il était malade.
C’est vrai que c’est ce fameux Tour 89 qui fait aujourd’hui sa renommée, et je pense que c’est l’un de ses plus grands regrets. Il a quand même gagné deux Tour de France à moins de 24 ans, et les gens retiennent presque uniquement sa défaite. Il explique très bien ça dans son livre, et je comprend son amertume. Enfin bon, ça fait partie de la légende !