Le deuxième weekend d’avril coïncide le plus souvent avec la date de Paris-Roubaix. Cette course incroyable à suivre aussi bien à la télé qu’au bord des pavés passe sur mes routes d’entraînement, si bien que je ne manque jamais une édition. Mais cette année, j’avais troqué pour costume de supporter contre celui de coureur pour m’aligner avec mes équipiers du CC Verlinghem sur une petite course à étape Ufolep pleine d’avenir, les Routes du Pays de Brie. Retour sur un weekend très sportif…
Une première étape balayée par le vent
En ce samedi 13 avril, si le soleil était de la partie sur l’est de l’Ile de France, les températures n’incitaient pas à se découvrir. Les grandes plaines étaient balayées par un vent très froid qui risquait de durcir la course.. Après un rapide échauffement qui nous permettait de découvrir une partie du circuit de la première étape, nous hésitions tous sur la tenue à porter pour ne pas avoir froid tout en n’ayant pas trop chaud. Pour une fois, je décidais de garder mon coupe-vent sans manche, une idée qui allait s’avérer lumineuse…
Le départ était donné sous un soleil timide qui ne suffisait pas à réchauffer les corps. Je grelottais sur la ligne en écoutant les consignes de sécurité, impatient de mettre en route au moins pour me réchauffer.
Dès les premiers tours de roue, je me plaçais dans les premières positions du peloton, tout comme Sylvain, Thibaut et Christophe. Nous ne voulions pas nous faire surprendre par une échappée précoce. Les attaques étaient nombreuses en ce début de course, et le rythme très rapide. Le circuit se prêtait plutôt bien aux offensives, car une petite route balayée par un fort vent de côté permettait de créer des bordures. La petite bosse en milieu de circuit n’avait rien d’insurmontable, elle n’était pas assez dure pour faire la sélection.
Je plaçais quelques accélérations, mais le peloton n’était visiblement pas décidé à laisser partir des attaquants. Puis, au bout de 20 km de course, Thibaut accélérait franchement dans la bosse et rejoignait 3 coureurs pour former la première échappée sérieuse de la course. La situation était idéale pour nous, nous n’avions qu’à contrôler à l’arrière.
J’en profitais pour me ravitailler alors que les attaquants creusaient petit à petit l’écart. Mais à 4 contre un peloton encore bien vaillant, difficile de luter. Aux environs de la mi-course, l’écart commençait à fondre alors que nous nous rapprochions du peloton des 3ème catégorie. Les attaquants le doublaient, puis notre peloton lancé à vive allure reprenait cette imposante grappe de coureur dans les bosses. Evidemment, la plupart d’entre-nous étions gênés et certains petit malins en profitaient pour se faire la malle.
Une groupe d’une dizaine d’hommes revenait sur l’échappée de Thibaut, et nous en étions quitte pour une petite poursuite à l’arrière. Nous revenions assez rapidement sur ce groupe, mais dans le même temps trois costauds s’étaient extraient en tête de course. Le temps de communiquer et de s’en rendre compte, ils avaient déjà creusé une belle avance. Deux gros clubs locaux n’étant pas représentés à l’avant, nous décidions de les laisser assumer la poursuite mais l’écart ne faiblissait pas.
Alors, à 20 km de l’arrivée, je décidais de me sacrifier pour l’équipe et de rouler à fond en tête de peloton pour revenir sur les trois hommes de tête. Je ne voulais surtout pas que le classement général soit plié sur un fait de course pareil.
Je ne ménageais donc pas ma peine en tête d’un peloton qui avait maigri au fil des tours. Je me surprenais à prendre de gros relais, les jambes répondaient très bien en cette fin de course. Mais au fil des kilomètres, je constatais avec énervement que de moins en moins de coureurs acceptaient de collaborer. L’écart avec les trois hommes de tête était pourtant en train de se réduire, il était possible de revenir sur eux ! Je plaçais donc une attaque sur la partie avec le vent de côté, dans l’idée de ressortir avec un petit groupe de costauds qui se mettraient à la planche pour faire la jonction. Mais c’était peine perdue, n’étant pas un rouleur hors pair, j’avais du mal à faire le break !
Il fallait donc se rendre à l’évidence, nous allions nous disputer la 4ème place. A 3 kilomètres de l’arrivée, les quelques gros rouleurs du groupe se mettaient enfin en route, histoire de disputer le sprint dans les premières positions. Pour ma part, je reculais légèrement et décidais de ne pas prendre de risque, le tout étant de rester dans la course pour le classement général.
J’arrivais plutôt bien placé dans la dernière ligne droite, mais un attardé me gênait au moment de lancer mon sprint, je franchissais la ligne en 11ème position, à 10 secondes des trois échappés. Pas mécontent de mes sensations, je me concentrais déjà vers le contre-la-montre du lendemain…
Toujours du vent pour le contre-la-montre
Au soir de la première étape, nous avions pris le temps de reconnaître le parcours du contre-la-montre du dimanche matin. Avec 12 km dont une bonne partie vent de face sur le plat, il s’agissait clairement d’un circuit pour gros rouleurs !
Pas abattu par cette idée, je m’appliquais pour réaliser un échauffement efficace sur home-trainer. Le soleil était revenu, mais le thermomètre n’affichait pas plus de 5°. Les quelques minutes à rouler sur place permettait donc de me réchauffer franchement et de ne pas trop subir le froid avant mon départ.
Je me présentais sur la ligne à 11h36, bien décidé à faire une bonne performance dans cet exercice qui reste mon plus grand point faible. Je m’élançais avec une grosse motivation, étrennant pour l’occasion une nouvelle roue lenticulaire HED fraichement acquise. Le premier kilomètre vent pleine face permettait de caler le rythme et faire monter le coeur, avant un premier virage à angle droit sur la gauche que je négociais un peu trop prudemment. Une petite relance en bosse était à effectuer avant de se repositionner sur les prolongateurs et remettre du braquet.
Mais rapidement, le vent me ramenait à ma condition de grimpeur, et j’éprouvais toutes les peines du monde à garder une allure rapide. Un rapide coup d’oeil sur le compteur m’affichait un bien pauvre 36 km/h, je remettais donc une dent pour repasser au dessus de 40 ! Déjà bien à l’ouvrage tout en gardant de l’énergie pour le final, je restais concentré sur mon effort dans cette partie vraiment compliqué.
Enfin, au bout de 7 kilomètres, un virage sur la gauche m’invitait à emprunter une toute petite route en forme de cuvette qui permettait de prendre de la vitesse avant d’attaquer la belle bosse du parcours.
Je choisissais de tout donner dans cette partie, en restant en position aérodynamique pour être le plus efficace possible. Mais la pente était rude, et la vitesse dégringolait rapidement sous les 25 km/h. Je m’arrachais dans la dernière partie avant de relancer le plus fort possible au sommet, pour basculer dans une courte descente avant la traversée d’un village.
Dernier virage à gauche, et j’étais parti pour le final avec le vent dans le dos. Je relançais sur un gros braquet, baissais la tête dans les épaules afin de rouler à plus de 50 km/h. Une dernière cuvette était avalée grand train juste avant l’arrivée, franchie en moins de 19 minutes, soit dans un temps proche de celui de mes équipiers.
J’étais relativement satisfait de mon effort, mais l’addition était quand même lourde par rapport aux meilleurs. Avec plus d’1’30” déboursée sur les premiers temps, le général était largement plié ! Je n’avais pas préparé ce premier chrono de façon très sérieuse, mais j’étais sur le coup un peu déçu de prendre un tel tir. Il va falloir faire mieux aux Routes de l’Oise…
Une belle bataille dans la troisième étape
Seulement 2h après la fin de mon contre-la-montre, nous devions nous présenter sur la ligne de départ de la troisième étape. Si le soleil était plutôt de la partie, c’est toujours un vent glacial qui nous accompagnait pour cet après-midi. Bien qu’un peu émoussé par le gros effort du matin, je m’alignais sur cette dernière étape avec la ferme intention de faire bouger les choses…
Le départ était donné au cœur d’un village, avant de filer sur une longue partie vent de face. Nous prenions le parcours du contre-la-montre en sens inverse, ce qui était plus facile en peloton… Le vent défavorable ne décourageait pas les attaquants, mais il était évidemment difficile de se défaire du peloton dans ces conditions.
S’ensuivait une belle descente rapide mais peu technique, puis un premier petit taquet à passer dans lequel je plaçais une première attaque. J’étais suivi dans mon effort par 7 coureurs, dont quelques costauds de la course. Les relais s’enchaînaient rapidement, à bloc sans se poser de questions, mais l’équipe du leader veillait au grain. Cette seconde partie du circuit avec le vent dans le dos rendait de toute façon les attaques difficiles…
Puis, à l’approche de l’arrivée, une courte descente suivi d’une belle bosse finale concluait ce circuit relativement roulant. Cette montée était avalée grand train, mais personne ne parvenait à s’extraire sérieusement du peloton et je doutais qu’elle soit suffisante pour faire la sélection. Basculant dans les premières positions, je me contentais de suivre le rythme du groupe jusqu’à la montée suivante.
Cette fois, Thibaut décidais de monter vraiment rapidement et plaçait une belle attaque dès le pied. En suivant quelques costauds, je prenais le train en marche et nous basculions au sommet avec un peloton très étiré derrière nous. Mes sensations était plutôt bonnes, je décidais avec Thibaut d’attendre le prochain tour pour essayer de forcer la décision à nouveau.
Au troisième passage dans la fameuse montée, c’est donc plein d’ambitions que je me plaçais dans les premières positions du peloton, dans la roue de Thibaut. Mais avant même que nous n’ayons pu nous lancer dans notre attaque préméditée, le vainqueur de la course de l’an dernier plaçait un gros démarrage que nous suivions avec un léger temps de retard. Thibaut bouchait rapidement le trou, j’allais en faire de même mais une violente crampe me paralysait la jambe gauche, m’obligeant à relâcher mon effort et à laisser filer 4 hommes, dont Thibaut. J’étais à la fois ultra frustré d’avoir loupé le bon coup, et content de voir que nous étions représentés à l’avant. Car évidemment derrière, le mal était fait !
L’équipe du leader prenait rapidement les choses en main, mais on pouvait bien voir qu’ils n’avaient pas les moyens de rivaliser face aux échappés du jour. 3 hommes ayant anticipés les débats se faisaient reprendre par le groupe de Thibaut, ils étaient donc 7 à l’avant face à notre peloton.
De notre côté, nous n’avions plus qu’à attendre sagement la fin de course, en espérant que l’échappée prenne pas mal d’avance pour que Thibaut se replace au classement général. Je ne pouvais m’empêcher de placer une attaque dans la bosse suivante, mais tout le monde avait compris que la course était jouée et personne ne voulait m’accompagner. Je creusais un petit écart, mais la partie vent de face était fatale à ma tentative de contre désespérée…
Reprenant sagement ma place dans le peloton, il ne restait plus qu’à ronger mon frein en patientant jusqu’à l’arrivée pour essayer éventuellement d’aller chercher une place d’honneur à l’étape. Je savais que j’étais en train de perdre tout espoir de top 10 au général, principalement au profit de Thibaut, il fallait donc se raccrocher à de plus maigres objectifs..
La fin de course approchait donc, et certains coureurs que nous n’avions pas vu jusqu’alors remontaient à l’avant en vue de la dernière montée. Pas effrayé à l’idée de frotter un peu pour garder ma place, j’abordais le pied en bonne position, moment choisi par une connaissance du Nord pour placer une grosse attaque. Personne ne suivait pendant les premières secondes, avant que les quelques punchers qu’ils restaient dans le groupe ne passent à l’offensive. Je suivais tant bien que mal le mouvement, mais je ne trouvais pas les ressources pour réaliser un gros finish et franchissais la ligne en 5ème position du peloton, environ 1’30” après les échappés.
Je rejoignais rapidement Thibaut, suivi par Christophe et Sylvain pour faire le bilan de cette étape. Thibaut en prenait la 4ème place, ce qui lui permettait de remonter dans le Top 10 au classement général, mais toujours loin du vainqueur qui venait de réaliser un gros numéro.
De mon côté, je nourrissais de gros regrets de ne pas avoir pu accompagner ce groupe à l’avant, j’aurais aimé me distinguer sur cette étape qui aurait pu me convenir. Mais quand on n’a pas les jambes, c’est compliqué !
Je terminais donc 13ème au classement général final, une performance honorable mais sans éclat, alors que j’avais certainement les moyens de faire mieux. Je revenais quand même de cette course avec le sentiment d’être sur le chemin d’une forme ascendante, et me projetais vers les courses suivantes avec envie et impatience… Affaire à suivre !