Si vous suivez de près ou de loin l’actualité du cyclisme, vous n’avez pas pu manquer l’information du weekend dernier. Enfin si, vous ne l’avez peut-être pas remarqué, puisque les grands médias n’en ont pas fait leur une. Et pourtant, il s’est passé quelque chose d’incroyable aux championnats des États-Unis sur route.
Taylor Phinney confirme tout son talent
Les hostilités ont commencées le samedi 18 septembre, avec l’épreuve contre-la-montre, disputée sur un parcours de 33,3 km. La participation n’était pas vraiment relevée, hormis le vétéran Levi Leipheimer, auteur d’une saison plus que moyenne, mais toujours une référence dans l’exercice chronométré. On voyait mal qui pouvait le battre, et pourtant …
Quelques jours avant la course, le jeune prodige Taylor Phinney, de l’équipe Trek-Livestrong, avait annoncé la couleur. Du haut de ses 20 ans, il n’hésitait pas à provoquer son ainé de la Radioshack sur Twitter, en expliquant qu’il visait ni plus, ni moins, que la première place …
Ce coureur exceptionnel n’est même pas encore coureur professionnel, mais son palmarès en fait déjà rêver beaucoup. Il a en effet remporté les deux dernières éditions du championnat du monde de poursuite, avec un record du monde à la clef, ainsi que, dans un tout autre registre, les éditions Espoir de Paris-Roubaix en 2009 et 2010. Rien que ça !
C’est ainsi que le jour J, il s’en alla chercher les étoiles en battant Levi Leipheimer de 14 centièmes de secondes, pour devenir l’un des plus jeunes champions des USA élites du chrono. Belle performance, qui en appelle d’autres pour le futur. A n’en pas douter, ce coureur fera des étincelles. Il vient justement de s’engager pour plusieurs saisons dans l’équipe BMC de Cadel Evans. Pour obtenir une place de leader dès ses premiers tours de roue dans le peloton professionnel ?
Trek-Livestrong remet ça
Aux États-Unis, rien n’est comme ailleurs. Ainsi, le championnat national en ligne se déroule le lendemain de celui du contre-la-montre. Cette particularité ne laisse pas beaucoup de place à la récupération pour ceux qui choisissent de disputer les deux épreuves.
Qu’importe, notre ami Leipheimer, légèrement vexé à l’issue du contre-la-montre, annonçait clairement la couleur pour la course en ligne. Il voulait se venger et allait mettre à profit sa puissance pour montrer à ces petits jeunots qu’il n’était pas fini. Même si le parcours n’était pas spécialement vallonné, le coureur de Radioshack nous a déjà montré par le passé qu’il est capable de prendre ses responsabilités.
Mais un autre coureur de Trek-Livetrong allait contrecarrer les plans de Leipheimer. Pour rappel, cette équipe, propriété de Lance Armstrong et dirigée par Axel Merckx, n’est composée que de coureurs âgés de moins de 23 ans. On peut considérer qu’il s’agit de l’équipe réserve de la grande Radioshack.
Revenons à notre championnat des USA. Assez vite dans la course, une échappée de 4 hommes allait prendre une belle avance. Scénario classique me direz-vous, le peloton étant habitué à gérer ces situations pour revenir sur les attaquants dans les derniers kilomètres. Ce que ce malheureux peloton n’avait pas prévu, c’est qu’un membre de l’échappée résiste et devienne champion des États-Unis sur route. Et ce que personne n’avait imaginé, c’est que ce coureur ne serait âgé que de 21 ans !
Et oui, vous avez bien lu, c’est un gamin de Trek-Livestrong qui remporte la course, le dénommé Ben King. Plutôt brillant cette saison dans les rangs espoirs, on ne l’imaginait pas à pareille fête. Stagiaire en cette fin de saison dans l’équipe Radioshack, il a certainement acquis la “caisse”‘ nécessaire pour aller chercher ce titre. Il sera coureur professionnel dans cette même équipe en 2011, et on pourra le suivre de près !
A noter que son coéquipier Phinney termine quand même à une belle 8ème place …
Les vieux passent la main
Les performances du cyclisme américain ces dernières années était principalement le fait de coureur trentenaires : Lance Armstrong, Levi Leipheimer, Tyler Hamilton, Floyd Landis, Georges Hincapie, etc. On peinait à entrevoir un bel avenir cycliste pour la première puissance économique mondiale, puisque la relève tardait à poindre le bout de son nez. Un Tom Danielson, plusieurs fois dans le top 10 au classement général de la Vuelta, ne pouvait à lui seul entretenir les espoirs de ses compatriotes.
Quand on voit les nouveaux champions des Etats-Unis, finalement, on ne se fait plus tant de soucis que ça …