Après une année 2017 de haute volée dont le point d’orgue fut la Haute Route des Alpes, je n’avais pas encore eu l’occasion de m’aligner cette saison sur une cyclosportive en montagne. Un peu frustré par cette situation, je décidais pendant l’été de forcer l’agenda pour participer à la Forestière Cyclo, disputée dans l’Ain à “seulement” 6h de route du Nord. Retour sur cette belle cyclosportive partagée avec Benoit du Concept Store Specialized de Lille…
Le soleil au rendez-vous, chose rare sur La Forestière
Arrivés sur place la veille avec Benoit, nous avions le plaisir de découvrir de charmants panoramas autour d’Oyonnax et d’Arbent, ville départ de la Forestière. Cette cyclosportive est relativement récente, et repose sur l’organisation de la Forestière VTT, très gros évènement pour le tout terrain. Nos dossards étaient rapidement récupérés, mais la sortie de décontraction que j’avais prévu était vite annulée vu le ciel menaçant qui s’approchait… Pas la peine d’aller rouler sous la pluie la veille d’une cyclo !
Le lendemain matin, le réveil n’était pas si matinal car le départ était prévu à 9h. Par contre, le temps avait bien changé et c’est un petit 8° qui s’affichait sur le compteur de la voiture. Heureusement, la météo annonçait un grand soleil pour toute la journée, il suffisait juste d’attendre que le brouillard se dissipe. Coupe vent et manchettes étaient quand même au menu pour ne pas risquer un coup de froid.
Après quelques minutes d’échauffement qui avaient plutôt pour effet de nous refroidir, nous nous placions sur la ligne en attendant le départ.
Celui-ci était donné à l’heure, et une belle meute d’un peu moins de 200 coureurs était lancé à belle allure. Fidèle à mes habitudes, je remontais rapidement en tête de groupe, histoire de ne pas louper le bon coup au cas où mes jambes seraient soudainement exceptionnellement fortes pour suivre…
Le profil de la course laissait en effet peu de temps à l’échauffement. Au bout de 2 km dans la ville, nous attaquions déjà le premier col de la journée. Le rythme était tout de suite soutenu, je tâchais de bien tourner les jambes, mais je m’étonnais quand même de voir encore autant de monde au contact des meilleurs. A peine le temps d’y penser, le peloton accélérait très franchement et je devais m’accrocher pour ne pas lâcher.
Voyant mon coeur monter déjà bien haut et bien conscient que je ne pouvais tenir ce rythme très longtemps, je choisissais humblement de laisser filer un bon paquet de coureurs, une bonne trentaine à vue d’oeil. Sans relâcher mon effort, je terminais l’ascension en passant quelques relais avec trois autres coureurs du même niveau que moi. Le groupe de tête ne roulait pas beaucoup plus vite, mais l’écart grandissait quand même assez rapidement et il paraissait inconcevable de boucher le trou dans la descente qui suivait.
Je franchissais le sommet en ayant déjà les jambes émoussée, et constatait en me retournant que notre groupe était constitué d’une vingtaine d’unité. Je basculais dans la descente assez roulante en tête, prêt à me livrer sans trop en faire quand même. Et quelques kilomètres plus loin, j’avais le plaisir de voir revenir Benoit de l’arrière, ce qui permettait d’envisager une bonne partie de la course ensemble.
Une longue poursuite avant un final explosif
La descente peu technique n’ayant pas permis de faire d’écarts, le second col de la journée qui s’annonçait allait peut-être permettre d’opérer une nouvelle sélection… Bien qu’un peu émoussé par la première ascension et sentant déjà venir une crampe liée à ma hanche “resurfacée”, je prenais le pari de prendre la tête du groupe avec deux ou trois autres coureurs pour monter à mon rythme plutôt que subir celui des autres.
Mise à part un coureur suisse qui semblait légèrement plus fort que nous, l’ensemble du groupe était homogène et suivait le rythme sans sourciller dans cette montée plutôt roulante. Sans trop taper dedans, mais sans m’endormir non plus, je prenais quelques relais en tête de groupe en restant bien concentré sur mon effort. Le sommet était rapidement atteint, je franchissais celui-ci un peu inquiet quand à l’état de ma hanche, mais fonçait tête baissé dans la descente en constatant que beaucoup de monde était encore dans la roue.
Benoit, bon descendeur lui aussi, venait rapidement se positionner en tête de groupe. La partie descendante était cependant très courte, car nous attendait une très longue successions de petites descentes jalonnées de courtes remontées. Perdus dans les montagnes du Jura et de l’Ain, nous avions largement le temps de profiter du magnifique paysage alors que notre groupe s’organisait plutôt bien. Je participais à la tâche collective en prenant régulièrement des relais appuyés, mais ma hanche commençait vraiment à me faire souffrir. Cette fichu crampe avait du mal à passer !
Néanmoins, je gardais le moral, avec dans l’idée de placer une attaque dans la dernière bosse du parcours, que nous avions reconnu en voiture et qui permettait de plonger vers l’arrivée.
Au bout de 100 kilomètres, après de nombreuses minutes à tourner avec mes compagnons de route, le profil de la route allait occasionner une belle bataille. C’est en effet un véritable mur qui se présentait devant nous ! Le coureur suisse qui avait tiré le groupe dans les premières montées anticipait légèrement les débats, laissant le reste du groupe sans réaction.
En arrivant au bas de cette grosse montée, je me glissais parmi les premiers, imprimant un rythme très élevé. Avec mon braquet de 39 x 27 et dans une pente autour de 15 %, je n’avais de toute façon pas le choix. Cette ascension était divisée en plusieurs paliers, mais les replats ne laissaient pas le temps de souffler. Avançant à 12 km/h tout au plus, je prenais finalement la tête du groupe et rattrapait peu à peu le coureur suisse. Je franchissais le sommet dans sa roue, ayant produit un énorme effort mais sans me mettre dans le rouge pour autant. Et en me retournant, je ne voyais que deux coureurs dans ma roue !
Ni une, ni deux, à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, il ne fallait pas tergiverser et nous entamions tout de suite une belle course poursuite. J’éprouvais quelques difficultés à assumer ma part du travail dans les premiers kilomètres puis retrouvais quand même quelques couleurs pour appuyer sur les pédales sur de longues lignes droites plus ou moins planes. Au détour d’un virage, je reconnaissais les routes proches de notre logement, et savais que la dernière bosse approchait rapidement. Les dernières cartouches allait pouvoir être tirées !
Le pied de la bosse était entamé prudemment, mais au détour d’une épingle, nous nous rendions compte que le groupe qui nous poursuivait se rapprochait dangereusement ! Je prenais alors la tête des opérations et me mettais à mon rythme maximum, lâchant toutes les forces qu’il me restait. Je savais que cette ascension était courte, mais je m’étais un peu emballé ! A un bon kilomètre du sommet, le fameux coureur suisse prenait le relais, et haussait encore le rythme. Je serrais les dents pour m’accrocher, cela devenait difficile, mais le sommet était en vue. Je basculais dans les roues, c’était gagné !
La descente suivante était vite avalée et nous permettait de revenir rapidement sur l’agglomération d’Oyonnax. Après un petit tour de la ville, nous revenions vers le site d’arrivée et un semblant de sprint était lancé. Je passais la ligne en seconde position, ce qui me plaçait à la 32ème place, bien loin du groupe de tête.
Benoit suivait 2 minutes plus tard, content d’en terminer lui aussi ! Ma crampe à la hanche se réveillait alors, occasionnant une vive douleur qui mettait une bonne heure à s’estomper, signe que l’effort avait été intense. J’étais au final très content de ma prestation, à la hauteur de mes espérance. J’avais besoin de me prouver que je pouvais encore réaliser de bonnes performances en montagne, la mission était accomplie à mes yeux.
Quand à la Forestière, il s’agit d’une magnifique cyclosportive parfaitement organisée et offrant de très beaux panoramas sur les montagnes de l’Ain et du Jura. Assurément une expérience à renouveler…