Après un été relativement calme point de vue vélo, ponctué par des vacances au bord de la mer dans une région peu propice à la pratique du vélo sur route, j’avais quand même hâte en ce premier weekend de septembre d’épingler un dossard. Et justement, c’est la course de Linselles que j’affectionne particulièrement qui nous était proposée ce weekend-là. Alors avec un beau soleil au rendez-vous, il restait plus qu’à profiter de ce bon moment.
Un début de course un peu déboussolant
J’arrivais sur place et retrouvais mon équipier Christophe, bien décidé à faire la course. N’ayant pas couru depuis deux mois, mes ambitions personnelles étaient franchement réduite, je pensais plutôt me sacrifier pour Christophe afin de l’aider à gagner. Linselles n’étant pas très éloigné de mon domicile, j’avais le plaisir de voir arriver mes plus fidèles supporters que sont mon épouse et mes enfants, ce qui me donnait du baume au cœur pour faire de mon mieux.
Le circuit de Linselles est toujours parciticuler, car il présente une petite bosse courte et raide en centre-ville, puis un long faux-plat exposé au vent peu avant l’arrivée. Tous les ans, la course est usante et ce genre de circuit n’est pas pour le déplaire…
Je prenais place sur la ligne de départ au sein d’un maigre peloton d’une bonne vingtaine d’unité, mais nous devions attendre plusieurs minutes avant que le départ ne soit donné. Après ce petit temps d’attente, la course était enfin lancée mais je n’étais pas très serein à l’idée de partir tambour battant. Heureusement, les premiers hectomètres étaient parcourus à allure raisonnable, avant que la bosse principale se présente sous nos roues.
C’est à ce moment que deux jeunes coureurs de très bon niveau plaçaient une violente attaque qui leur permettait de prendre un peu d’avance. J’éprouvais pour ma part toutes les peines du monde à garder ma place dans le groupe, tant le rythme était élevé. Je basculais quand même dans les roues au prix d’un gros effort.
Après cette débauche d’énergie, tout le monde se regardait un peu et les deux échappés en profitaient pour creuser l’écart. Dans la partie difficile en faux-plat montant qui suivait rapidement, je devais une nouvelle fois serrer les dents pour ne pas être décroché, et commençais à me poser de sérieuses questions sur le devenir de ma course. Etais-je capable de suivre le rythme jusqu’au bout ?
Heureusement pour moi, le rythme allait se calmer légèrement dans les tours suivants, ce qui me permettait de récupérer un peu dans les roues. Malgré tout, je devais m’employer vivement à chaque partie difficile, et avais toutes les peines du monde à me refaire la cerise. Pourtant, devant la situation peu favorable, je me devais de rouler un peu en tête de groupe pour réduire l’écart avec les deux hommes de tête. En effet, notre groupe était constitué de plusieurs équipiers des deux échappés, et nous ne pouvions pas compter sur grand monde pour tenter de revenir sur eux. Je prenais mon courage à deux main et remontais dans la file des coureurs prenant des relais, dont Christophe faisait partie…
De violentes crampes qui gâchent ma fin de course
La situation allait rester la même pendant de nombreux kilomètres. Je me faisais violence pour prendre des relais réguliers, mais étais obligé d’en sauter quelques uns pour ne pas exploser en vol. Petit à petit, je sentais que mes jambes lâchaient et que les crampes n’étaient plus très loin.Je gérais tant bien que mal cette situation, en essayant de bien boire et de m’alimenter tout en faisant encore des efforts en tête de groupe.
Alors que la mi-course était largement passée, nous commencions à nous rapprocher sérieusement des deux échappés. Cela me redonnait du baume au cœur pour essayer de revenir, mais n’avais aucun effet sur mes jambes pour soulager les crampes qui devenaient difficiles à contenir. A deux tours de l’arrivée, le speacker nous annonçait un retard de 15 secondes au passage sur la ligne. Nous avions en effet les deux coureurs en point de mire, qui semblaient à portée de fusil.
Évidemment dans ces cas-là, plusieurs attaques venaient ébranler notre groupe mais elles étaient toujours suivi par un coureur de St André qui protégeaient leur équipier à l’avant. Christophe profiter du long faux-plat en fin de circuit pour placer une belle accélération, mais presque tout le monde revenait dans les roues. Avec ces accélérations incessantes, le rythme de notre groupe était finalement ralenti alors que Thimothée Laleu, champion national junior, faisait craquer son compagnon de route à l’avant. Et en costaud, il arrivait même à creuser l’écart par rapport à nous !
L’attaque suivante allait être celle de trop pour moi. Alors que les plus costauds de notre groupe plaçaient une violente accélération, je ne pouvais réagir et me retrouvais avec quelques battus qui n’avaient plus l’air d’avoir la force d’aller au combat. Christophe étant devant, je ne prenais pas non plus la peine de relancer l’allure, d’autant plus que l’écart n’était pas très important. La petite bosse en ville arrivant rapidement, je décidais d’attendre ce moment pour tenter de faire le bon, sans trop croire en mes chances de réussite. Dès le pied de l’ascension, je mettais tout ce qu’il me restait de force dans la bataille et parvenais à revenir in extremis sur le groupe de contre au sommet. Mes jambes étaient perclus de crampes, mais le plus dur était fait !
Il restait alors un tour et demi, et tout pouvait encore se jouer même si l’homme de tête disposait désormais d’une belle avance. Dans le faux-plat suivant, personne n’osait attaquer avec le vent de face et je pouvais maintenir non sans difficultés ma place dans ce groupe. Nous passions une dernière fois sur la ligne avec une bonne trentaine secondes de retard, la messe était dite pour la victoire. Deux hommes, dont un équipier du leader, parvenaient à s’extirper de notre groupe, mais je n’avais pas la force d’y aller.
Je profitais quand même d’un temps mort un peu plus loin pour placer une dernière accélération, histoire de relancer l’allure plus que pour tenter ma chance. Mes crampes devenaient difficilement supportables, et mes bidons étaient désormais vide. Dans le dernier faux-plat avant l’arrivée, une nouvelle accélération scellait mon sort. Alors que tout le monde, dont Christophe, suivait le mouvement, je me retrouvais complètement collé au bitume, obligé de repasser sur le petit plateau pour soulager mes jambes. Je commençais à me demander comment j’allais faire pour rejoindre l’arrivée.
Malgré ces vives douleurs dans les cuisses, j’avançais tant bien que mal à moins de 30 km/h et passais la ligne au moins 2 minutes après le groupe que j’avais laissé partir 3 km auparavant. Je prenais une 12ème place relativement encourageante, dans la mesure où je n’avais pas couru depuis un bon moment. Christophe était un peu déçu par sa 7ème place, mais nous ne pouvions pas faire beaucoup mieux.
La forme est donc correcte, mais je manque cruellement de rythme pour supporter les à-coups des courses en circuit. Espérons que cela ne me sera pas trop préjudiciable pour la prochaine échéance, la Forestière Cyclo…
Dans un peloton de 20 coureurs, auquel on retranche les 2 coureurs échappés et surement 2/3 abandons / lâchés en cours de route, ça ne fait pas beaucoup d’abri quand on veut récupérer dans les roues.