JPP 9 de coeur, premier dossard en 2021

Le peloton sur la ligne de départ de la JPP 9 de coeur 2021

Jamais je n’aurais cru ça possible, mais le Covid et une vilaine chute au mois de janvier en ont voulu ainsi. Pour la première fois de ma vie de cycliste, j’ai pris le départ d’une cyclosportive en montagne sans avoir déjà réalisé d’autres courses plus tôt dans l’année. Autant dire que la tâche ne s’annonçait pas facile, surtout que le parcours proposé sur l’édition 2021 de la JPP 9 de coeur avait de quoi faire peur : montée au Plateau des Glières, Col de la Colombière et Montée vers les Carroz d’Arrache pour finir. Ce dimanche 18 juillet s’annonçait corsé !

Dans le dur dès les premiers tours de roue

Ayant fait la route la veille avec mes acolytes Benoît et Jérôme, je m’alignais sur la ligne de départ plein de doutes et avec une fatigue générale déjà avancée. Le manque de sommeil des dernières semaines, lié à de multiples facteurs, allait forcément peser dans les jambes.

C’est heureusement sous un franc soleil que le départ était donné sur la place principale de Cluses. Je m’élançais sans stress, tout content de retrouver les us et coutumes d’un peloton cycliste. Les 7 premiers kilomètres de l’épreuve étaient neutralisés pour traverser la ville, ce qui n’était pas pour me déplaire. J’en profitais pour remonter très rapidement en tête de peloton, où je retrouvais quelques connaissances du Nord et du monde des cyclosportives. Mais il n’y avait pas trop le temps de discuter, la voiture ouvreuse allait bientôt accélérer…

Le peloton pendant le départ fictif de la JPP 9 de coeur 2021
Crédit photo : Cyclo JPP 9 de coeur

Dès le départ réel donné, le rythme augmentait d’un cran, sans toutefois être intenable. Bien calé dans les roues, je me concentrais pour ne pas prendre de cassure avant le premier passage délicat du jour, une portion gravel de deux kilomètres.
Moi qui déteste ça, je tenais à y arriver dans les premières positions pour moins subir les aléas d’un tel chemin. C’est donc à plus de 40 km/h que nous arrivions dans ce passage empierré et jonché d’ornières. Quitte à être là, je franchissais ce passage à fond pour en sortir le plus vite possible, ce qui était chose faite dans la roue des meilleurs au bout de quelques minutes. Pas de crevaison, je pouvais continuer sans soucis, ce qui n’était pas le cas de mon équipier Jérôme qui venait d’exploser un pneu. Quelle loterie !

Un premier col hyper pentu

A peine le temps de se remettre de ce premier effort, il fallait désormais atteindre le pied de la montée vers le Plateau de Glières via une vallée le long d’une rivière et en faux-plat montant. Le rythme y était élevé mais gérable et je parvenais à garder les roues sans trop taper dans mes réserves, l’objectif étant d’atteindre le pied du premier col avec les meilleurs.

Et puis, après le passage d’un petit pont, c’est un véritable mur qui se dressait devant nous. C’était parti pour la montée vers les Glières, 6 kilomètres à plus de 10 % de moyenne pour se mettre dans le bain. Dès les premiers hectomères, je voyais Rodolphe Lourd, un des meilleurs cyclosportifs français, placer une accélération qui allait être fatale pour moi. Le peloton volait en éclat, chacun cherchant un second souffle pour se caler à son propre rythme.

Sans m’emballer, je me calais au rythme prévu dans les montées de col mais j’avais déjà le souffle court. La rudesse de la pente combinée à un braquet un peu trop ambitieux au regard de mon niveau du moment me mettait déjà dans le dur. Alors que la tête de course s’envolait, je gardais néanmoins en point de mire un petit groupe duquel certains coureurs finissaient par exploser au bout de quelques kilomètres d’ascension.
Je restais concentré sur mon effort, mais je sentais bien que j’étais déjà en train de taper sérieusement dans mes réserves… A un kilomètre du sommet, je reconnaissais un chemin de randonné emprunté 2 ans plus tôt en famille, qui avait le mérite de me redonner le sourire : le sommet était proche ! Avalant un gel juste avant le passage du col, je me préparais à affronter le second passage empierré du jour, traversant de part en part le plateau des Glières…

Ayant emprunté ce chemin à pied, je me souvenais qu’il était assez long et plutôt cassant, mais j’avais oublié qu’il était à ce point vallonné. Je doublais à toute vitesse deux coureurs qui avaient décidés de franchir ce passage prudemment, mais je buttais rapidement sur les pentes abruptes de la fin de ce passage. Et il était impossible de se mettre en danseuse sous peine de patiner de la roue arrière…
Enfin, le début de la descente était en vue et je pouvais respirer un grand coup !

Je descendais du plateau des Glières à une bonne allure mais sans prendre de risques, ce qui me permettait quand même de reprendre trois coureurs à mi-pente environ. Nous terminions la descente ensemble avant de prendre la direction du Grand Bornand…

Les vallées ne sont jamais vraiment plates

C’est donc dans un petit groupe à 3 que nous abordions la première portion de vallée qui n’était… pas du tout plate ! Dans les roues d’Aurore Pauchet, championne des Hauts de France en titre, je tirais la langue pour tenir le rythme. A seulement 3 coureurs, les relais revenaient vite et je n’avais même pas la force d’assumer toute ma part de travail. Heureusement mes compagnons de route du moment n’était pas trop regardant sur le partage des tâches, et voyaient bien que je faisais de mon mieux.
Nous franchissions peu après le Col des Fleuries, qui expliquait pourquoi cette vallée n’était pas du tout plate ! La descente qui suivait était roulante, et nous permettait de reprendre quelques coureurs esseulés à l’avant.

Puis, après un virage à angle droit sur la droite, nous rattrapions la route en faux-plat montant nous ayant conduit au pied du Plateau des Glières. Franchie à vive allure dans un groupe plus conséquent d’une dizaine d’unité, j’en profitais pour bien m’alimenter et tourner les jambes quand j’étais dans les roues. Mais chaque prise de relais me rappelais que j’étais déjà très limite, sans beaucoup de forces.

Finalement, le pied du Col de la Colombière arrivait rapidement et je l’entamais dans la roue d’Aurore Pauchet qui était décidément déchaînée ! Et à ma grande surprise, après un kilomètre d’ascension, tous les autres membres du groupe avait explosé ! Je pensais pourtant être le moins fort du groupe, comme quoi les sensations sont trompeuses…

Concentré sur mon effort, en relayant ma concurrente féminine comme je le pouvais, j’arrivais sur une bifurcation sur la droite qui nous permettait d’éviter un marché sur la route principale. Mais quelle idée ! Cette route parallèle était en forme de toboggan avec des ruptures de pentes sévères, qui me sciaient littéralement les jambes. Heureusement, je tombais au détour d’un virage sur un ravitaillement dont j’avais bien besoin, étant à sec depuis une vingtaine de minutes. Je remplissais rapidement les bidons et mangeais un peu, mais des crampes me bloquaient les cuisses au moment de repartir… Pas le choix, il fallait terminer cette course !

Dans le final de la cyclo JPP 9 de coeur, à l'arrachée, au mental !
Crédit photo : reflexphoto.fr

Je reprenais l’ascension à un rythme très léger, le temps de faire passer les crampes qui finissaient par s’estomper en vue du sommet. Je franchissais celui-ci en solitaire avant de plonger dans une longue descente peu technique.

Un final sans forces, au mental

Mais dès les premiers lacets de la descente, ces fichues crampes réapparaissaient et m’empêchaient presque de pédaler pour relancer en sortie de virage… C’est donc à un rythme très tranquille que je me laissais glisser jusqu’à Cluses, qu’il fallait intégralement traverser avant d’attaquer l’ascension finale.

Toujours en train de batailler avec mes crampes, je passais ce moment de replat en solitaire, sans circulation sur la route, presque seul au monde dans cette ville un peu assoupie à l’heure de la sieste. Je rattrapais cependant quelques concurrents des plus petits parcours, que j’encourageais en me persuadant moi-même que l’arrivée était proche…

Il ne restait plus que l’ascension vers les Carroz d’Arrâches à franchir, et je savais en ayant reconnu une partie la veille que la pente n’était pas trop sévère. Mais en voyant depuis de nombreux kilomètres ma puissance plafonner à un piteux 180 watts (contre 220 en allure endurance), je commençais presque à douter de ma capacité à me hisser au sommet.
Pourtant, dès les premiers hectomètres de la montée, je me remobilisais et tentais d’accélérer légèrement en reprenant les concurrents des plus petits parcours par grappe…

Cette hausse de l’effort était malheureusement rapidement avortée par la réapparition de crampes, je relâchais donc la pression et progressais à un rythme vraiment très faible. A mon plus grand étonnement, je continuais de doubler de nombreux coureurs sans me faire rattraper par les concurrents de mon parcours. Je n’avais à ce moment-là aucune idée de mon classement, mais l’idée de ne pas perdre de place alors que j’étais en perdition avait pour effet de me remonter le moral…

Puis, peu à peu, la flamme rouge était en vue puis la ligne d’arrivée, franchie dans un état de fatigue avancé et sous un soleil de plomb ! Je tombais tout de suite sur mon équipier Jérôme qui m’informais de sa mésaventure (crevaison dans le premier passage gravel) et qui me donnait un classement dont j’avais du mal à croire qu’il soit possible : 17ème !

Après avoir pris le temps de me ravitailler pour reprendre des forces et en attendant Benoît qui en finissait avec le grand parcours lui aussi, je réalisais que j’avais bien franchi la ligne en 17ème position. Compte tenu de ma prestation, j’en concluais que le niveau au départ était vraiment faible, mais je me satisfaisait quand même de cet accessit inespéré au départ.

Ce fut dans tous les cas un très bon weekend de vélo avec les copains, pas reposant du tout mais riche d’enseignement sur ma condition physique de ce début d’été 2021, c’est-à-dire très moyenne… Peu importe, l’important est de s’amuser sur le vélo, et ce fut le cas sur cette JPP Cyclo 2021 !

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