Alors que la plupart des cyclistes (pros ou amateurs) ont terminé leur saison 2012, l’actualité cycliste de la semaine est occupée par une épreuve exotique, le Tour de Pékin. Vous n’en avez pas entendu parlé ? Si vous n’êtes pas mordus de vélo, c’est normal ! Symptomatique de la mondialisation du cyclisme voulue par l’UCI (Union Cycliste Internationale), cette épreuve par étape nous montre tous les signes que la précipitation ne sert à rien …
Canada, Chine, Russie, et après ?
Revenons aux bases de ce mouvement. Dans les années 90, le hollandais Hein Verbruggen prend la tête de l’institution internationale du cyclisme. En bon patron de fédération sportive, il souhaite développer son sport, et vois les choses en grand. Très (trop !) proche des grands argentiers du cyclisme, Lance Armstrong en tête, il se lance dans une conquête du monde dont les résultats commencent à peine à payer.
La création du Pro Tour en 2005 a pour objectif d’internationaliser le cyclisme, en regroupant dans une série de compétitions les plus grandes équipes qui devront s’aligner à terme sur tous les continents. A ses débuts, le calendrier reprend essentiellement les grandes courses européennes, mais l’objectif de l’UCI est plus large.
Rapidement, de nouvelles courses se créent et intègrent ce calendrier renommé afin d’attirer les meilleurs coureurs cyclistes du monde. Le Tour de Pologne est rapidement ajouté, puis les Grand Prix de Québec et Montréal, le Tour Down Under en Australie, et plus récemment le Tour de Pékin.
Ce nouveau calendrier mondial a pour effet d’obliger les équipes à étoffer leurs effectifs, pour pouvoir aligner suffisamment de coureur sur chaque épreuves, même les plus éloignées de leurs bases européennes. On peut considérer cela comme une avancée pour le cyclisme, mais ce n’est pas si simple.
En regardant la liste des engagés sur le Tour de Pékin, on se doute bien que la majorité des équipes y vont uniquement pour remplir leurs obligations, et ne voient pas dans cette courses aux antipodes un objectif important. Il faut dire qu’à cette période de l’année, rare sont les coureurs motivés pour aller faire la course dans l’une des atmosphères les plus polluées du monde …
Un succès partiel
Historiquement, le cyclisme tient ses bases en Europe, où la plupart des grandes courses se disputent encore aujourd’hui. Cependant, on ne peut nier que d’autres pays se développent, et apportent depuis quelques années leurs lots de champions. Les Etats-Unis et l’Australie sont de parfaits exemples, et l’engouement pour le vélo est chaque année plus important dans ces pays anglos-saxons.
Mais pour revenir à l’épreuve chinoise de Pékin, il suffit de regarder quelques photos pour voir que le succès n’est pas au rendez-vous. Comment est-il possible que les routes soient complètement désertées des spectateurs dans le pays le plus peuplé du monde ? Cela montre bien le peu d’intérêt que portent les chinois à ce sport, et que l’organisation de cette course est surtout dictée par les revenus qu’en tirent l’UCI …
Cette même instance internationale insiste depuis quelques années pour organiser une grande course en Russie. Mais à part les « gazodollars », il l’engouement n’est pas franchement au rendez-vous !
Pour résumer mon avis, je pense que l’Union Cycliste Internationale va trop vite, et brûle les étapes de la mondialisation. Quoi qu’on en dise, la réussite d’un sport professionnel repose avant tout sur le succès qu’il rencontre auprès du public, et visiblement, l’UCI se trompe de continent.
Certes, il y a sûrement de l’argent à récolter en Chine, mais je pense qu’une épreuve Pro Tour rencontrerais bien plus de succès en Afrique, là où le vélo commence à s’éveiller …
Qu’en pensez-vous ?