A moins d’un mois du départ de l’Etape du Tour, il était grand temps de m’attaquer à mes premiers cols de cette année 2012. Afin de préparer au mieux mon affaire, j’ai décidé pour la première fois de participer à une cyclosportive montagnarde pour m’habituer à la fois à la distance et au dénivelé. Et pour changer un peu des massifs alpins et pyrénéens, je me suis dirigé vers l’est de la France pour disputer une course renommée, Les 3 Ballons. Résumé d’une journée intéressante …
Un début de course mitigé
Cette cyclosportive tire son nom de son parcours, qui emprunte les 3 ballons que sont le Ballon de Servance, le Grand Ballon et le Ballon d’Alsace. Ne se contentant pas de ces quelques difficultés, les organisateurs ont ajouté pas moins de 4 cols, ainsi qu’une montée finale vers la Planche des Belles Filles, qui sera escaladée lors du prochain Tour de France. C’est donc un total de 8 ascensions qui nous attendait sur un parcours de 205 km …
Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’avais demandé un dossard prioritaire qui me permettait de m’élancer dans les 400 premières positions, sur un total d’environ 4000 coureurs. Dès le départ donné, je me plaçais à l’avant du peloton, afin d’arriver bien placé au pied de la première difficulté du jour, et éviter au maximum les chutes. Les 20 premiers kilomètres étaient ainsi parcourus à vive allure, mais étant bien protégé dans le peloton, je pouvais m’échauffer les jambes sans trop forcer.
Alors que nous arrivions au pied du Ballon de Servance, je ressentais un coup de frein sur ma roue arrière qui m’obligeait à m’arrêter au milieu du peloton. Le temps d’arriver à me mettre sur le bas-côté et constater que la chambre à air fixée sous ma selle venait de tomber dans ma roue, environ 400 à 500 coureurs me doublaient … Premier enseignement de la journée : prévoir d’acheter une mini sacoche à fixer sous la selle, ça ira mieux !
Un peu énervé par cet incident, je remontais sur mon vélo rapidement et attaquait ce premier col à un rythme très élevé. Les 6 kilomètres de montée étaient vite avalés, me permettant de doubler de nombreux concurrents, et retrouver une place convenable dans ce qui semblait être le second groupe. La première descente était parcourue à un rythme rapide mais raisonnable, la route étant franchement dangereuse à certains endroits.
Au bas du Ballon de Servance, un feu rouge nous obligeait à mettre pied à terre pendant quelques secondes, ce qui allait occasionner un regroupement important. Je repartais ainsi dans ce second groupe, fort d’une bonne centaine de coureurs.
Un maître mot, la gestion
Sachant que j’étais de toute façon battu pour apparaître dans les premières positions au final, je me rabattais sur l’objectif de bien gérer mon effort sur une si longue distance. Les coureurs de mon groupe semblaient être du même niveau que moi, et je passais les deux petits cols suivant en tête de groupe en faisant le tempo. Même sans faire d’à-coups, notre peloton se coupait en deux parties égales d’environ 50 coureurs chacune.
Arrivait ensuite la montée du Grand Ballon. Ne connaissant pas le terrain, je n’avais que peu de repères, et j’allais commettre ma seconde erreur de la journée. Dès le pied de la montée, je sentais que le rythme était un peu élevé pour moi. Je m’accrochais malgré tout pour ne pas perdre de terrain, mais à environ deux kilomètres du sommet, j’étais obligé de lâcher prise. Je perdais du terrain très lentement, et il est vrai que j’aurais pu m’accrocher plus longtemps. Bien m’en aurais pris !
En effet, le sommet … n’en était en fait pas un. Nous basculions tout d’abord sur “la route des crêtes”, une large route à plus de 1000 mètres d’altitude, bien vallonnée et surtout balayée par un fort vent de face. Je me retrouvais seul dans cet endroit désert, perdu entre les deux groupes … Ne m’affolant pas, j’en profitais pour bien me ravitailler et attendre sagement le groupe qui me suivait.
Au somment “réel” du grand ballon, je marquais un premier arrêt pour remplir mes bidons au ravitaillement. Le temps de remplir cette formalité, mon groupe avait déjà pris beaucoup d’avance. Heureusement, un professionnel de l’équipe Orica-Green Edge, le jeune Jens Keukeuleire, s’était également arrêté et attaquait la descente en même temps que moi. J’ai pris une leçon de vélo ! Afin de retrouver nos compagnons de route, il faisait la descente à bloc, relançant comme un fou après chaque virage. J’ai pu apprécier les qualités de mon vélo Look 695, un régal dans les courbes tendues … En prenant le sillage de ce pro, nous retrouvions rapidement notre ancien groupe afin d’avancer plus sereinement dans la vallée.
Quelques kilomètres plus loin, un nouveau col se profilait sous nos roues. Heureusement pour moi, la pente était plus douce, ce qui me permettait de grimper le col d’Hundsruck dans mon groupe sans me mettre trop dans le rouge. Je basculais au sommet sans difficultés particulières, et j’attaquais la descente tambour battant ! Au bas de ce col, il restait alors environ 80 kilomètres à parcourir, et je sentais bien que les forces commençaient à me manquer.
La traversée de la vallée jusqu’au lac de Sewen se faisait à bonne allure, même si nous n’étions plus beaucoup à rouler. Je tenais à faire ma part de travail, car je ne conçoit pas le vélo en ne faisant que suivre les roues …
Une fin de course à l’énergie
Me sentant encore suffisamment chargé de provisions, je sautais le ravitaillement de Sewen, me dirigeant avec le reste du groupe vers le pied du ballon d’Alsace. Malheureusement pour moi, cette avant dernière ascension allait m’être fatale. Dès les premiers lacets, je me retrouvais lentement décroché, en compagnie de quelques coureurs. Je me sentais vraiment fébrile, et chaque coup de pédale devenait un vrai fardeau.
Je me hissait péniblement vers le sommet, et entamait la descente toujours en compagnie du coureur professionnel de l’équipe Green Edge. Une nouvelle fois, la descente menée à bloc nous permettait de revenir sur la majorité des coureurs qui constituaient notre groupe au pied du col, alors qu’il restait une quarantaine de kilomètres à parcourir.
Ces 40 kilomètres étaient bien plus difficiles que je l’imaginais. Nous enchaînions les courtes montées et des descentes très rapides, et même si le rythme de notre groupe était peu soutenu, je devais vraiment n’employer pour garder les roues. Et même en ayant bien chargé mes poches au départ, je me retrouvais à court de provision, et pas très loin de la fringale … Afin d’éviter l’agonie dans la dernière ascension, je décidais de m’arrêter au dernier ravitaillement à Champagney, pour manger un peu et remplir à nouveau mes bidons. Cet arrêt de 4 à 5 minutes environ me faisait évidemment perdre le contact avec mon groupe, mais je ne visais plus grand chose au classement final …
Dès la remise en route, je sentais que cette petite pause avait été salvatrice. Je parcourais la quinzaine de kilomètres qui nous séparait du pied de la Planche des Belles Filles avec un Hollandais bien sympathique, et nous roulions à un bon train. N’ayant plus d’objectif de temps, je m’arrêter encore avant d’attaquer cette dernière pente pour satisfaire un besoin naturel, ce qui me faisait perdre une nouvelle fois deux à trois minutes, et surtout une bonne cinquantaine de places …
Enfin, le panneau indiquant l’arrivée à 5 km s’affichait sous mes yeux. Je parcourais cette dernière montée à un rythme plutôt correct, qui me permettait de reprendre quelques coureurs, sans vraiment souffrir. Au bout de 200 km, le cœur ne montait plus beaucoup et je pédalais machinalement. Après un dernier effort dans une rampe à plus de 15 %, je franchissait la ligne à la 131ème position en 7h07 58″, loin de mon objectif initial, mais content de ma journée et des enseignements à en tirer. Pour résumer, il faudra prévoir de bien gérer l’alimentation lors des deux étapes du Tour cet été, c’est la clef du succès !
Pour finir, je tiens à féliciter les organisateurs des 3 Ballons, il s’agit d’une très belle course dans un cadre naturel splendide. J’y retournerais …