Pfiou, voilà bien longtemps que je ne me suis pas posé sur un clavier pour écrire quelques lignes sur ce blog. Mais j’ai vécu il y a quelques semaines de très bons moments sur l’Etape du Tour, et mes acolytes de ce weekend alpestres seront ravis de lire ces quelques lignes.
C’est donc entre Briançon et l’Alpe d’Huez qu’ASO (organisateur du Tour de France et de l’Etape du Tour, entre autre) avait convoqué des milliers de cyclistes amateurs très motivés à l’idée de parcourir les mêmes routes que les professionnels de la grande messe de juillet. Et cette année, j’en faisais partie…
Inscription sur un défi
Avant tout chose, je dois vous expliquer rapidement comment je me suis retrouvé sur la ligne de départ. Mon ami Eric s’étant très récemment lancé dans la pratique du vélo et ayant parcourus quelques cols Ardéchois ensemble à l’été 2021, nous nous étions mutuellement mis au défi de participer à l’Etape du Tour 2022 suite à sa présentation l’automne dernier.
Après quelques péripéties, j’ai finalement obtenu (enfin payé chèrement) un dossard, précieux sésame pour aller se détruire les jambes sur 175 km et pas loin de 5000 mètres de dénivelé positif…
Détenteur du précieux sésame et connaisseur de la logistique compliquée sur un tel évènement, j’ai négligé la réservation d’un logement et c’est Eric qui a trouvé bien tardivement un camping ouvert à l’idée de mettre à notre disposition… un emplacement de tente.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas campé, mais après tout, pourquoi pas !
C’est donc la veille de la course que nous arrivions sur place avec Eric et son ami Lyonnais Simon. Mais entre les encombrements et la récupération des dossards, nous arrivions bien tard sur notre lieu de résidence, nous laissant peu de temps pour un décrassage express vers Montgenèvre avant de passer la nuit sous la tente. Et ce ne fut pas un succès ! Pourtant habitué des veilles de grands rendez-vous cyclistes, je n’ai pas beaucoup fermé l’œil de la nuit, ajoutant de la fatigue à celle du voyage et de l’intense rythme quotidien. Mais peu importe, j’étais ultra motivé !
Un départ rapide dans le sas 1
Réveillé aux aurores pour rejoindre la ligne de départ vers 6h15, j’hésitais longuement à prendre un coupe vent compte tenu de la fraîcheur du matin. 10° en manche courte, c’est quand même un peu juste. Je filais donc en descente vers le centre de Briançon et prenais place dans les premières positions de mon sas 1, c’est-à-dire le second à partir sur les 15 sas alignés dans la ville. J’y retrouvais avec grand plaisir Rémi, un ami rencontré via Twitter (comme quoi les réseaux sociaux peuvent provoquer de belles rencontres dans la vraie vie), ce qui nous permettait d’attendre le départ en se racontant nos dernières nouvelles.
Puis vers 7h07, il était temps de se lancer à l’aventure ! La sortie de Briançon plantait tout de suite le décor, à froid, par une petite bosse pas bien raide mais abordée bien rapidement par les meilleurs éléments de notre sas. Connaissant le terrain, je faisais l’effort pour garder les première positions, sachant que les 20 km suivant vers le Lautaret étaient vraiment roulants. Ce premier effort me procurait de très mauvaises sensations, un peu inquiétantes dans un premier temps mais finalement vite dissipées dans cette partie plate et roulante.
Evoluant à plus de 40 km/h, notre groupe commençait déjà à reprendre des coureurs du premier sas (le sas 0), illustrant la vaste blague des dossards attribués en fonction du niveau. Bref, je me sentais bien dans ce groupe et restais bien placé, à l’affut de la moindre accélération. Peu à peu, la pente se dressait et le rythme élevé mais raisonnable me permettait d’atteindre le sommet du Lauraret sans trop m’en rendre compte…
L’enchaînement avec le Galibier était une découverte pour moi dans ce sens. Certainement avec les effets de l’altitude, je peinais à tenir ma puissance habituelle et préférais lever le pied pour ne pas me mettre dans le rouge. Dans ces pentes plus sévères, c’était chacun pour soi même si de petites grappes de coureurs se formaient ça et là.
Descente rapide et vallée à bloc
Je franchissais le sommet du Galibier avec l’impression de ne pas en avoir trop fait. Je m’arrêtais quelques secondes pour refermer mon coupe-vent, car à 2600 mètres d’altitude à 9h du matin, il faisait encore bien frais.
S’ensuivait une très belle descente, parfois sinueuse avec des enchaînements de lacets, parfois rapides dans de longues lignes droites. J’adoptais un rythme engagé sans excès, appréciant la direction très précise et les qualités aérodynamiques de mon Trek Madone SLR avec ses roues RAR… Je reprenais ainsi une bonne vingtaine de coureurs, sans me faire doubler par les kamikazes que l’on rencontre parfois sur les cyclosportives. Il faut dire qu’avec la route complètement fermée à la circulation, il y avait de quoi se faire plaisir sur les trajectoires sans prendre de risques inconsidérés.
Après la traversée de Valloire, une montée courte venait casser le rythme. J’en profitais pour me ravitailler copieusement car le menu à suivre était encore bien costaud. Après ces 2 km d’ascension, le sommet du Col du Télégraphe était atteint, nous amenant vers une descente très technique que j’appréciais beaucoup. Une fois encore, je reprenais quelques coureurs plus prudents et arrivait à St Michel de Maurienne un peu esseulé.
Heureusement pour moi, un coureur motivé et de bon niveau avait pris ma roue dans la descente et montrait tout de suite son envie de rouler pour la dizaine de kilomètres de vallée à parcourir avant le début du col de La Croix de Fer. Nous reprenions rapidement un petit groupe de 4 coureurs, qui roulaient déjà à un bon rythme et se joignaient à l’effort collectif. La dizaine de kilomètres à parcourir sur de très larges routes jusqu’à Saint Jean de Maurienne étaient avalés à plus de 40 km/h de moyenne. J’étais ravi de cette situation !
Euphorique dans La Croix de Fer
Après ce cours effort dans la vallée, c’est le Col de La Croix de Fer qui se présentait à nous. J’attaquais le pied sur mon rythme de croisière habituel, avec d’excellentes sensations pendant les premiers kilomètres d’ascension. Je rattrapais de nombreux coureurs partis dans le premier sas, ce qui décuplait ma motivation. Néanmoins, la chaleur commençait sérieusement à se faire sentir et je pensais à mes pauvres copains Eric et Simon partis 2h après moi et qui allaient arriver dans une véritable fournaise.
Je restais concentré sur mon effort, dans un col très long mais finalement pas si dur avec énormément de replats et même de courtes descentes. Une fois les pourcentages les plus sévères passés au pied, la suite pouvait bien se gérer. Au 3/4 de la pente, un ravitaillement était organisé et il était temps qu’il arrive pour moi. Il s’agissait de mon premier arrêt pour remplir les bidons, ce qui était effectué en moins de 3 minutes. J’avais le plaisir de croiser Clément (fils du président de mon club) à la sortie du ravitaillement, avant de repartir vers le sommet qui était atteint quelques minutes plus tard.
Dans cette fin d’ascension, je commençais quand même à piocher avec des jambes un peu plus lourdes, qui annonçaient une fin de course compliquée…
Avant de penser à l’Alpe d’Huez, il y avait quand même une belle descente à réaliser, et je comptais bien en profiter pour à nouveau gagner quelques places. Comme dans la descente du Galibier, j’adoptais un rythme rapide mais quand même sur la réserve, sans prendre de grands risques. Mais avec la route entièrement fermée à la circulation, cela suffisait déjà pour se faire plaisir…
Mais au bout de quelques kilomètres de descente, le support déporté de mon Garmin se brisait net ! Ayant déjà eu le même soucis plus tôt dans l’année, j’avais heureusement installé la petite cordelette de sécurité, ce qui évitait qu’il se brise par terre à 60 km/h ! J’avais évité le pire, mais je me retrouvais désormais bien handicapé avec un Garmin pendouillant de mon cintre, sans pouvoir y lire les données. Je continuais la descente ainsi, jusqu’à une petite remontée courte mais sèche, avec des pentes à 10 % sur un petit kilomètre. Je m’arrêtais quelques secondes au sommet pour régler mon problème de Garmin, mais rien à faire, la cordelette était coincée par ma plaque de cadre.
Je terminais ainsi la descente un peu contrarié, sur un terrain heureusement favorable proposant des lignes droites très rapides, sans trop de virages dangereux.
Un final difficile, planté dans l’Alpe d’Huez
A la fin de cette dernière descente, je retrouvais sur le plat un petit groupe cette fois-ci bien différent de la première vallée. Nous étions une bonne dizaine, mais seul un coureur habillé intégralement aux couleurs de l’équipe Bora semblait motivé pour rouler. Heureusement celui-ci était très fort et tirait tout le groupe sans broncher, mais je doutais qu’ils puisse tenir un tel rythme pendant 10 kilomètres.
J’essayais d’organiser quelques relais, prenant largement ma part du travail, mais les coureurs nous accompagnants rechignaient à l’effort, se plaignant d’êtres au bout du rouleau. J’insistais quand même un peu, sans grand succès.
Puis, au bout de 5 ou 6 kilomètres de collaboration infructueuse, le fameux coureurs Bora prenait le large à la faveur d’un relais un peu plus appuyé. Ni une, ni deux, je décidais de boucher le trou seul pour continuer d’avancer à bon rythme avec lui. Je savais que ces quelques minutes d’effort n’allaient pas me coûter beaucoup, et je préférais ça que de traîner dans la vallée…
A ce train-là, le pied de l’Alpe d’Huez était vite atteint et connaissant bien les lieux, je savais que j’allais souffrir pendant une heure. Et dès la première rampe, la plus difficile, la messe était dite de mon côté. Je n’avais plus le rendement des premières ascensions, plus la force de tenir ma cible de puissance habituelle. Je ne sombrais pas complètement mais mon rythme était vraiment faible à mon goût…
Qu’importe, je restais concentré sur mon effort et jubilais sur mon choix de ne pas m’arrêter au ravitaillement du Bourg d’Oisans, car des habitants bien inspirés avaient installés un point d’haut au 3ème ou 4ème lacet. Le plein en eau réalisé, je reprenais péniblement la route pour me hisser vers le sommet de cette station mythique du Tour de France.
Virages après virages, sous les encouragements des supporters présents en nombres, je continuais de faire face à la pente sans me décourager malgré la fatigue de plus en plus présente. La température était élevée, j’appréciais donc les bouteilles tendues pour s’asperger la nuque ou les jambes…
Puis, les premiers bâtiments de la station apparaissant, je commençais à sentir la ligne d’arrivée approcher. Pendant toute cette montée de l’Alpe d’Huez, j’avais doublé de nombreux coureurs, mais au moins autant m’avaient doublés, preuve que la gestion de course des uns et des autres n’avait pas été la même…
Enfin, la flamme rouge était sous mes yeux et je la franchissais avec un regain de motivation. Plus que quelques efforts et la ligne d’arrivée était franchie dans un état second, ayant tout donné dans la dernière ligne droite !
Un dernier col pour la route
A peine avais-je le temps de récupérer que je voyais Rémi me rejoindre, lui aussi ayant réalisé une belle performance. Quel plaisir de pouvoir partager de nos expériences à l’arrivée ! J’avais une pensée pour mes deux compères Eric et Simon qui avaient encore de nombreux kilomètres à parcourir…
Avec Rémi, nous attendions une autre connaissance de Twitter, Nicolas, qui finissait sa course une petite heure après nous et complètement exténué. Mais pour une première cyclosportive, il venait de réaliser une sacrée performance !
Rémi et Nicolas me proposaient un co-voiturage pour rentrer à Briançon, car la logistique est toujours compliquée sur l’Etape du Tour. Il nous fallait quand même franchir le Col de Sarenne pour retrouver leur voiture. La montée depuis l’Alpe d’Huez est courte, mais finissait de nous casser les jambes, tandis que nous abordions prudemment la descente complètement cabossée…
Un grand merci à Rémi et Nicolas, sans lesquels j’aurais dû retourner en vélo à Briançon, pour une séance de récupération un peu trop difficile !
Vers 20h, je retrouvais mes deux compères Eric et Simon en bas de l’Alpe d’Huez, exténués mais heureux d’êtres arrivés au bout de cette étape très difficile. Ce sont eux les véritables forçats de la route, capables de passer 10h sur le vélo sous des températures très élevées !
De retour à Lyon passé minuit, il était temps de revenir à la vie réelle après cette parenthèse cycliste enchantée…
J’apprenais un peu plus tard mon classement, 287ème sur les 9000 arrivés au sommet de l’Alpe d’Huez. Je qualifie cette performance d’honorable, elle me prouve en tous cas que je peux encore faire de belles choses sur le vélo malgré des conditions de récupération pas toujours optimales… Vivement la suite !
Un récit c’est mieux qu’une vidéo ! merci !
Merci Xavier, voilà un commentaire qui fait plaisir !