Dimanche 16 juillet 2017, c’est le grand jour ! Le réveil sonne à 4h45, la nuit fut courte mais le sommeil réparateur. Il faut dire que ma sortie de 3h30 la veille en passant par l’Izoard a laissé des traces… En pleine préparation pour la Haute Route Alpes, je me devais de cumuler les sorties en montagne et les occasions de le faire sont bien rares quand on habite dans le Nord. Mais revenons à nos moutons, il fallait prendre la route pour le départ de l’Etape du Tour 2017…
Départ dans le sas numéro 5
N’ayant pas participé à l’Etape du Tour depuis mon top 100 en 2014, l’organisation n’avait cette année pas eu le bon goût de me donner un dossard “prioritaire” dans le premier sas de départ, comme j’en ai l’habitude. J’aurais pu me plaindre, mais je partageais ce départ un peu éloigné des premiers avec mes équipiers Paul et Julien, ce qui était l’occasion de faire un bout de route avec eux.
Pour une fois, j’étais l’un des premiers dans le sas, le 4ème homme de notre bande du jour ayant réussi à négocier un départ avec les premiers. Nous devions donc arriver suffisamment tôt pour que lui soit plutôt bien placé. C’est donc dans les 10 premières positions que nous nous placions sur la ligne avec mes deux compères !
La météo était excellente, car même si l’air était encore un peu frais à cette heure matinale, pas un seul nuage n’était visible à l’horizon. A 7h37, il était temps pour nous de prendre le départ à l’avant d’un peloton de 1000 coureurs, sachant que 5000 autres étaient déjà partis avant nous ! Ayant l’habitude des départs avec les meilleurs, je m’attendais un coup de vis dès les premiers mètres de course, mais vu du 5ème sas, les choses sont bien différentes…
Pendant ces premiers tours de roue, pas la peine de frotter pour remonter puisque nous étions déjà en tête de groupe. Quelques coureurs menaient le train, sans toutefois écraser les pédales, ce qui permettait de chauffer les muscles après une bonne heure d’attente dans la fraicheur matinale. Je grelotais un peu sur mon vélo, et très rapidement, nous reprenions les derniers éléments du sas précédent, parti 7 minutes avant nous.
Au bout de 7 km environ, se dressait devant nous une première petite bosse que j’avais reconnu la veille. Celle-ci était avalée rapidement, étirant notre groupe. Je m’accrochais aux roues des meilleurs, perdant de vue Julien et Paul dans la descente qui suivait.
Je me retrouvais ainsi dans un groupe d’une vingtaine d’unités, à prendre des relais bien appuyés pour commencer cette édition 2017 de l’Etape du Tour…
Une longue remontée dans les vallées
Le parcours se corsait un peu au bout de 20 km, alors que nous quittions la route principale pour rejoindre Embrun sur les hauteurs. Les jambes tournant bien, je participais toujours activement à la progression du groupe qui commençait a se disloquer sous l’effet d’un rythme soutenu. Je serrais quand même un peu les dents dans les ascensions, en veillant à ne pas me mettre dans le rouge pour ne pas compromettre la suite de ma course.
Juste après Embrun, se tenait le premier ravitaillement du jour. La ville ayant été traversée à toute vitesse, je me dirigeais avec la moitié de notre groupe vers le ravitaillement au lieu de poursuivre la route. Sans affolement, nous faisions demi-tour en traversant un petit fossé et un terre plein, avant de reprendre notre marche en avant.
Ayant perdu le contact avec une partie de notre groupe, nous n’étions plus qu’une dizaine à partager les relais, remontant toujours des dizaines de cyclistes partis devant nous. Mais la route allait bientôt se cabrer pour affronter la première difficulté du jour, la côte des Demoiselles Coiffées. Ayant gravi cette ascension à de nombreuses reprises l’été dernier, je savais que je risquais de souffrir un peu face à mes compagnons de route dans les plus forts pourcentages. La mort dans l’âme, je me laissais décrocher pour monter cette première bosse à ma main avec l’idée de retrouver un groupe par la suite…
Malgré cette baisse de régime, je doublais toujours autant de concurrents et parvenait au sommet sans trop taper dans mes réserves. La descente un peu technique était rapidement avalée, avant d’aborder une nouvelle côte non répertoriée pour rattraper la vallée de l’Ubaye. Je profitais de cette nouvelle ascension pour me caler dans un groupe qui roulait bien et que j’allais accompagner jusqu’au sommet.
Connaissant bien le terrain, je savais qu’il fallait compter une bonne trentaine de kilomètres de vallée en faux-plat montant pour rejoindre Barcelonette puis Jausiers. Mais mes réflexes de coursiers étaient plus forts que moi, et je sautais de groupe en groupe à un très bon rythme en prenant toujours des relais appuyés. Les sensations étaient toujours bonnes à ce moment de la course, alors j’en profitais !
Mes bidons étant presque à sec, je m’arrêtais au ravitaillement situé à la sortie de Barcelonnette, puis reprenais la route au sein du groupe suivant pour continuer cette progression vers le pied du col de Vars. J’avalais ces derniers kilomètres de vallée dans les roues, un peu moins fringant que dans les 100 premiers kilomètres… La fatigue commençait à se faire sérieusement sentir, certainement liée à la sortie de la veille.
Enfin, après 120 kilomètres un peu vallonnés, il était temps d’attaquer les choses sérieuses au pied du col de Vars…
Deux cols pour faire la différence
Dès les premières pentes, le groupe dans lequel j’avais pris part volait en éclat. Bizarrement, alors que j’étais plutôt à la peine sur le plat, je retrouvais des couleurs et me retrouvais à mener le train puis finalement à lâcher la plupart de mes compagnons de route. Connaissant parfaitement le terrain, je ne jetais pas pour autant toutes mes forces dans la bataille, sachant que le sommet était encore loin et s’annonçait plus pentu.
Mètres après mètres, je rattrapais puis doublais des dizaines de coureurs partis devant moi, ce qui avait un certain effet euphorisant. A 5 kilomètres du sommet, la route se cabrait un peu plus pour atteindre les 10 %, un niveau de pente qui n’allait pas baisser jusqu’au col. J’alternais efficacement les passages en danseuse et assis, adoptant un rythme qui me permettait de doubler toujours autant de coureurs.
Le sommet s’approchant, j’accélérais un peu pour basculer rapidement vers la descente. J’avais quelques souvenirs de cette plongée vers la station de Vars, mais j’étais plutôt surpris par le peu de difficulté que représentait ce passage de la course. Les virages serrés étaient peu nombreux, et la pente pas suffisante pour ne pas devoir pédaler de temps en temps.
A deux reprises, la route remontait à nouveau sur de courts passages, sur lesquels j’adoptais un train plutôt cool histoire de relâcher un peu les jambes. La dernière rampe vers Guillestre était rapidement avalée, avant de tomber nez à nez avec un raidart traversant le village ! Ayant reconnu cette partie du parcours la veille, je savais à quoi m’attendre et montait presque à fond ce gros talus avant de m’arrêter brièvement au ravitaillement pour remplir une dernière fois mes bidons.
Il restait alors une bonne trentaine de kilomètres à couvrir, d’abord à travers les Gorges du Guil dans un décor somptueux mais néanmoins casse-pattes. La première partie descendante permettait de se reposer brièvement, mais c’est ensuite un long faux-plat montant qui nous attendait pour rejoindre le pied du col d’Izoard.
Par chance, je trouvais un groupe qui m’allait bien pour traverser ce long passage. Je passais d’abord quelques relais, mais comme avant le col de Vars, je me retrouvais assez rapidement dans le dur. Les jambes étaient lourdes, et même si mon cœur ne s’emballait pas, j’éprouvais quelques difficultés à rester dans les roues. J’avalais deux barres d’affiler pour éviter que ce mauvais passage se prolonge, mais les contre-forts de l’Izoard étaient déjà là.
Laissant partir mes compagnons de route, je buttais dans ces premières pentes sans trop savoir pourquoi. Je progressais malgré tout à un rythme correct, doublant encore des coureurs. Je retrouvais finalement assez rapidement un semblant de sensations, et rehaussais légèrement le rythme pour progresser dans ce col mythique.
Bêtement, je n’avais rempli qu’un seul bidon au ravitaillement de Guillestre, mais la chaleur était telle que j’étais presque à sec. Un dernier ravitaillement était heureusement situé à mi-pente, m’obligeant quand même à parcourir deux kilomètres sans boire une goutte. Cette petite pause était la bienvenue, juste avant d’affronter la terrible ligne droite de Brunissart. Comparé à la veille, le vent de dos facilitait mon ascension, mais avec 170 kilomètres dans les jambes, l’histoire était tout autre !
Le rythme n’était pas bien rapide, mais je ne m’effondrais pas complètement et parvenais toujours à doubler des concurrents. J’étais désormais majoritairement entouré de dossards des deux premiers sas, c’était bon pour le moral ! J’entrais avec conviction dans la partie boisée qui précède la Casse Déserte, mais au bout de deux ou trois lacets, je ressentais une drôle de sensation en me mettant en danseuse. Après vérification, je constatais que mon boyau avant était en train de se dégonfler, à moins de 5 kilomètres de l’arrivée. Quelle guigne !
Encore un peu lucide, je décidais de m’arrêter prêt d’un camping-car pour éventuellement avoir de l’aide. Après inspection du boyau et ne voyant aucun trou suspect, j’étais convaincu que la fuite venait de la valve. Peut-être qu’un bon regonflage suffirait pour rallier l’arrivée ? Après 5 minutes de galère avec ma mini-pompe qui ne fonctionnait pas bien à cause du prolongateur de valve, je demandais à tout hasard au camping-cariste s’il disposait d’une pompe à pied. La réponse fut négative, mais je le vis partir en courant demander de l’aide à ses voisins italiens. Après deux minutes d’attente, je le voyais revenir avec une pompe défraichie, mais qui semblait efficace.
Quelques coups de pompe plus tard, le boyau regonflé à 8 bars, je sautais sur mon vélo pour attaquer la fin de cette épreuve.
Très motivé à l’idée de rattraper le temps perdu, j’appuyais un peu fort sur les pédales mais les jambes me rappelaient vite à l’ordre. J’atteignais cependant rapidement la casse déserte, profitant d’une courte descente avant d’affronter les deux derniers kilomètres et leurs terribles pentes. J’étais un peu planté dans ce décor magnifique, les forces et la tête ayant lâché en même temps que ma crevaison. Je franchissais le sommet peu après, content de voir afficher sur mon compter les 180 km prévus ce jour. Quelle course !
Ayant pris soin de regonfler mon boyau avant d’attaquer la descente, il ne me restait plus qu’à replonger vers Briançon pour rejoindre Baptiste et descendre enfin de mon vélo après une journée éprouvante.
Je termine cette Etape du Tour à la 733ème place, loin de mon objectif initial d’atteindre le top 100. La satisfaction est quand même au rendez-vous, car partir si loin au départ empêche réellement de réaliser une grosse performance, je m’en suis rendu compte sur cette édition. Ma crevaison m’ayant fait perdre une bonne dizaine de minutes, on peut considérer que ma place était plutôt parmi les 500 premiers, c’est-à-dire dans les meilleurs de mon sas numéro 5.
Maintenant, place à une autre aventure d’une toute autre envergure, la Haute Route des Alpes que j’essayerais de vous faire vivre au mieux sur ce blog…