Voilà bien longtemps que mes équipiers me parlaient de la course d’Ablain Saint Nazaire. Moi, le grimpeur qui aime les longs cols, j’allais enfin pouvoir m’exprimer sur une course vallonnée dans le Nord ! Un peu excité par cette odeur de grimpette et de petit plateau, j’avais fait de cette course de début de saison un de mes objectifs de la saison 2016. Un peu déçu par mes premières prestations en course cette année, je comptais bien sur ce parcours vallonné pour me refaire une santé…
Un circuit pour costaud, le vent en prime
Connaissant un peu les lieux pour y aller de temps en temps dans le cadre professionnel, je m’attendais à un parcours accidenté mais sans plus. Si pour certains le moindre pont paraît insurmontable, je suis pour ma part plus à l’aise dans les longues ascensions de plus de 10km. Alors ce n’est pas les monts de l’Artois qui allaient m’effrayer… Un premier tour en voiture sur le circuit confirmait cette impression : c’était dur, mais pas réservé aux purs grimpeurs.
Retrouvant sur place mes équipiers Franck, Christophe et Paul, en plus de Julien venu en supporter et JB encadrant la course sur sa moto, je prenais cette fois un peu de temps pour m’échauffer. Le temps était bien plus chaud que la semaine précédente, autorisant la sortie du cuissard court sans risque d’être gelé…
Avec seulement 31 coureurs sur la ligne de départ, notre peloton n’était pas très imposant. Malgré tout, le niveau était relevé avec la présence notamment de l’épouvantail du Nord Pas-de-Calais en la personne de Damien Kebdani, champion de France en titre dans la catégorie 20/29 ans.
Dès le départ, comme d’habitude, quelques coureurs imposaient un rythme rapide au peloton. Mais très vite, tout le monde se calmait en attendant la première montée du jour… Dès le pied de celle-ci, Damien Kebdani plaçait une violente attaque qui secouait largement notre groupe. Je tentais de prendre la roue mais j’explosais à mi-pente, pour finir de monter à mon rythme et basculer une centaine de mètres derrière un beau petit groupe qui s’était constitué. Heureusement pour moi, tout le monde coupait sont effort peu après et je pouvais revenir rapidement dans les premières positions.
Passé cette première alerte qui m’inquiétais un peu sur mon état de forme, je reprenais mon souffle en attendant la seconde ascension du jour et une éventuelle nouvelle attaque du champion de France. Avant cela, quelques coureurs prenaient un peu de champs, si bien que la seconde montée était abordée avec un petit retard sur un groupe de 5 à 6 hommes.
Cette ascension était moins violente que la précédente, même si le rythme très élevé permettait à certains de rejoindre la petite échappée. Franck et Christophe avaient flairé le bon coup et prenaient la poudre d’escampette, alors que je faisais barrage au sommet pour laisser une chance à ce groupe de 10 de prendre de l’avance.
Dans le peloton, personne ne semblait motivé à l’idée de prendre la course à son compte, la plupart des gros clubs étant représentés à l’avant. Je me gardais bien de prendre des relais appuyés, laissant toutes les chances à mes équipiers bien plus en forme que moi.
Peu après l’entame du 3ème tour, Damien Kebdani qui était jusque là piégé plaçait une grosse accélération que j’hésitais un quart de seconde à suivre. N’ayant pas pris la roue, je me ravisais en sentant bien que je n’avais pas les jambes pour suivre l’homme le plus fort du moment.
Des crampes difficiles à contenir mais un final réussi
Notre groupe était donc en chasse derrière une grosse échappée de 11 coureurs, qui allait rapidement exploser sous l’effet du retour du champion de France. Malgré tout, notre peloton gardait une bonne allure et naviguait à une bonne minute de l’échappée, nous permettant ainsi de reprendre quelques coureurs qui avaient craqués dont mon équipier Franck qui n’était finalement pas dans un bon jour.
Sachant qu’à l’avant, Christophe était à la poursuite de Damien Kebdani parti en solitaire, nous donnions quelques coups de main avec Franck sans en faire trop. Les coureurs qui nous accompagnaient ne semblait pas en mesure de faire le bond, mais il était quand même préférable de laisser un maximum d’avance à Christophe.
Pour ma part, je commençais à sentir quelques crampes dès la mi-course, et m’inquiétait un peu sur mon sort. Je m’alimentais et buvait régulièrement pour contrecarrer ces effets de la fatigue, mais le vent n’arrangeais pas mes affaires. En haut de la bosse principale du circuit, nous devions affronter un vent de côté assez soutenu qui imposait de former des petites bordures devenant usantes au fil des tours.
Malgré tout, notre progression était toujours régulière, notre groupe diminuant régulièrement par l’arrière. Dans les trois derniers tours, nous décidions avec Franck d’accélérer un peu la cadence, mais il n’y avait plus beaucoup de monde pour prendre les relais. Nous n’étions plus que 4 ou 5 à tourner, emmenant dans nos roues quelques pots de colle qui ne voulaient pas prendre du vent.
Alors que seulement 5 hommes étaient encore à l’avant, notre groupe était secoué par une attaque dans l’avant dernier tour que j’hésitais à suivre. Je me sentais capable d’y aller mais pas forcément de résister, et me disait que nous reprendrions facilement ce courageux au tour suivant. Que neni ! Malgré une accélération et des prises de relais plus appuyées dans notre groupe, nous ne reviendrions jamais sur ce 6ème homme.
Je craignais un peu la dernière ascension, mais je passais celle-ci en tête de groupe avec Franck, presque à la rupture. Je faisais le dos rond dans la partie vent de côté, et plaçait une accélération dans la descente qui suivait pour me détacher. Voyant que personne n’avait suivi, je jetais mes dernières forces dans la bataille et franchissait la ligne en 7ème position, satisfait d’avoir eu les ressources pour faire un tel effort en fin de course.
Le bilan de cette course est donc satisfaisant, le CCV est présent quand les parcours sont difficiles ! Avec sa seconde place, Christophe réédite sa performance de l’an dernier et signe son premier podium de l’année. De mon côté, même en forme plutôt moyenne j’ai pu tirer mon épingle du jeu et accrocher mon premier top 10 depuis bien longtemps. Espérons qu’il soit fondateur pour la suite de la saison, c’est en tous cas très motivant !
bravo !
Merci Florent ! Tout comme toi, je préfère quand ça grimpe…
Jolie course !