Après une Marmotte plutôt réussie, mais légèrement en deçà de mon objectif initial, mon second grand rendez-vous de Juillet était l’Etape du Tour, disputée cette année entre Pau et Hautacam. Un peu fatigué par le combo boulot-vélo-bébé de ces dernières semaines, je me rendais quand même dans les Pyrénées plein d’espoir pour enfin intégrer le top 100. Récit d’une belle aventure …
Ne rien lâcher, même sous la pluie
Le matin d’une Etape du Tour est toujours un moment particulier. Le réveil sonne tôt, très tôt, et il faut se concentrer rapidement sur la course pour ne rien oublier. Logeant à une heure de voiture du départ à Pau, j’avais le temps de bien gamberger, mais ce trajet m’a surtout permis de me détendre, étant parfaitement dans le timing.
Avec mon dossard n° 66, je prenais place de bon matin dans le premier sas, les départs étant étalés par groupes de 1000 coureurs. Malgré une arrivée à 6h15, soit 45 minutes avant le départ, j’étais loin d’être en première ligne, au contraire de la Marmotte. Disons que c’est un petit inconvénient de l’Etape du Tour …
En regardant autour de moi, j’étais assez surpris de voir ça et là quelques coureurs à l’allure de cyclotouristes, n’ayant à mes yeux rien à faire dans le premier sas. Les dossards ne sont-ils pas attribués en fonction du niveau sportif ?
Après 3/4 d’heure d’attente, il était enfin temps de prendre le départ. Le temps de passer le goulot de l’arche de départ, je me retrouvais lâché parmi la meute et commençais mon échauffement à l’allure d’une poursuite ! En effet, mon placement légèrement reculé sur la ligne m’obligeait à faire un gros effort pour revenir au plus vite dans les première positions. C’était chose faite au bout de 5 km, et je pouvais enfin souffler et profiter d’un rythme un peu plus cool …
Évidemment, cela n’allait pas durer bien longtemps. Au bout d’une dizaine de kilomètres, un premier tape-cul venait secouer notre peloton qui s’étirait dangereusement. Je faisais l’effort pour rester bien placé ce qui me permettait de basculer avec le groupe de tête. S’ensuivait une belle partie de manivelle, peloton en file indienne, car les gros bras avaient décidé de faire la course. La première côte répertoriée sur le parcours à Bénéjacq était ainsi passée à bloc, me faisant faire un gros effort pour rester au contact.
Les 20 kilomètres suivants étaient avalés grand train, avec quelques passages où le peloton se relâchait cependant. Cela permettait à tout le monde de souffler, et j’en profitais à chaque fois pour remonter dans les premières positions du groupe. Je me retrouvais ainsi aux côtés de Nicolas Roux, Loïc Ruffaud et les autres hommes forts du cyclosport français …
Un peu plus loin, un enchaînement de montée du côté de Loucrup nous attendait. Ayant reconnus cette partie du parcours la veille en voiture, je savais que j’allais devoir m’accrocher. La première rampe me faisait reculer dans le peloton, mais je parvenais à garder les roues et à me repositionner dans la descente. Mais l’enchaînement avec un seconde bosse allait être plus douloureux. Sentant bien que je pourrais payer dans les grands cols un effort trop soutenu, je préférais me caler à mon rythme et laisser échapper le premier peloton. Je passais le sommet avec une quinzaine de secondes de retard, et motivais quelques compagnons de route pour faire l’effort et reboucher le trou.
C’était chose faite 5 kilomètres plus loin ! Mon premier objectif d’aborder le Tourmalet avec les meilleurs était en passe d’être réussi. Bien échaudé par cette première partie de course franchement intense, notre peloton décidait sagement de baisser le rythme à l’approche de Campan. Il faut dire que le mythe qui s’élevait devant nous incitait à la prudence.
A partir de ce petit village, la route était en faux-plat montant constant. A l’œil nu, je ne me rendais pas compte que l’on montait autant, et j’étais obligé de vérifier la pente sur le Garmin pour être sur que je n’étais pas victime d’une panne de jambe. Il fallait quand même m’employer pour suivre le groupe en roulant à 35 km/h …
A partir de Sainte-Marie de Campan, l’ascension du Tourmalet commençait vraiment. N’ayant jamais escaladé le géant des Pyrénées dans ce sens, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Dans tous les cas, je ne voulais pas exploser en vol et choisissais comme sur la Marmotte de laisser filer les meilleurs dès le pied. C’est également à ce moment précis qu’une fine pluie commençait à tomber. Comme en 2012, les nuages étaient tellement bas que nous commencions à les traverser dès 500 mètres d’altitude. Les conditions climatiques s’annonçaient dantesques au sommet.
Qu’importe, j’étais là pour donner le meilleur de moi-même, et je commençais cette ascension avec une motivation sans faille. Je trouvais rapidement mon rythme dans ces pentes régulières autour de 7 %, et reprenais au fil de l’ascension quelques coureurs qui s’étaient vu trop beaux au pied. Au fur et à mesure de la montée, la pluie s’intensifiait et la température baissait, mais j’arrivais néanmoins à maintenir un bon rythme. Les 3 derniers kilomètres étaient plus difficiles, l’altitude et la fatigue commençant à produire leurs effets. Je parvenais quand même au sommet pas trop entamé, et en profitais pour remplir mes bidons et enfiler manchettes et imperméable.
La descente s’annonçait périlleuse, et elle le fut ! Le premier virage dans une pente très prononcée était une véritable patinoire. Deux coureurs devant moi valsaient et allaient goûter au bitume, tandis que j’avais toutes les peines du monde à ralentir sans bloquer les roues. 300 mètres plus loin, la chaussée devenait plus granuleuse et permettait de retrouver un peu de grip, alors que nous sortions momentanément des nuages. J’en profitais pour hausser le rythme et enchaîner les virages un peu plus rapidement pour reprendre un maximum de temps dans cette descente. Puis, assez rapidement, c’est un véritable orage qui s’abattait sur nous, déversant des trombes d’eau dans cette descente du Tourmalet. Le froid commençait à me gagner, mais je m’obligeais à faire de grosses relances pour me réchauffer.
La traversée de Luz Saint Sauveur marquait la fin de la véritable descente, et je me retrouvais avec deux autres coureurs à 500 mètres d’un groupe un peu plus important. Ni une, ni deux, nous nous mettions d’accord pour nous mettre à la planche afin de revenir sur ce groupe. Je produisais là mon plus gros effort de la course, appuyant de toutes mes forces sur les pédales alors que la pluie ne cessait pas et que le vent contraire ralentissait notre progression.
Au bout d’un kilomètre de chasse, la jonction était faite et il ne restait plus qu’à récupérer un peu dans ce très long faux plat descendant avant d’aborder la montée d’Hautacam. Peine perdue, comme souvent sur les cyclosportive, il n’y avait pas beaucoup de volontaires pour faire avancer notre groupe. Conscient que j’étais encore dans la course pour mon objectif, je relançais régulièrement l’allure par des relais appuyés, sans oublier de bien me ravitailler en vue du final …
Hautacam, que c’est dur !
Après environ 140 kilomètres d’effort, il nous restait encore une ultime difficulté à escalader avec la longue montée vers Hautacam. N’ayant jamais mis les roues dans ces pentes, je m’étais longuement documenté pour constater que cette ascension avait l’air particulièrement difficile.
Dès les premiers lacets, je laissais filer quelques coureurs de mon groupe, préférant me mettre à mon rythme. La pente très sévère du premier kilomètre s’adoucissait quelque peu ensuite, puis laissait place à une successions de murs entrecoupés de faux-plats montant, voir même un moment descendant. J’appréciais particulièrement ces premiers kilomètres pendant lesquels les changements de rythme étaient incessants. Mais au bout de 6 kilomètres de montée, un passage de deux kilomètres à environ 11 % de moyenne allait sérieusement freiner ma progression.
Si j’avais toujours réussi jusque là à maintenir un effort soutenu, les forces commençaient à me lâcher dans ce passage délicat. Je restais cependant concentré sur mon effort, toujours motivé en voyant que je continuais à reprendre quelques coureurs sans moi-même perdre pied. Le haut de la montée reprenait un rythme irrégulier, avec des passages à plus de 13 % qui me faisaient vraiment souffrir. Mon braquet de 39×25 était franchement trop gros pour ces moments là. Peu à peu, le sommet était en vue et je retrouvais des couleurs.
Évoluantà nouveau sous une fine pluie et dans le brouillard, je ne pensais plus qu’à une chose : finir dans le top 100 ! Je savais que le dernier kilomètre était moins dur, alors je repassais une dent à deux kilomètres de l’arrivée, histoire de jeter toutes mes forces dans la bataille. A la flamme rouge, je repassais le grand plateau et commençais à relancer franchement l’allure, mais je n’avais plus aucune force dans les jambes.
A la vue des barrières balisant l’arrivée, je relançais une dernière fois mais mon compteur avait décidément bien du mal à s’affoler. Je franchissais la ligne d’arrivée exténué par cet effort violent, mais je venais de réaliser que ma performance était meilleure qu’espérée. Le compteur de « finisher » affichait le chiffre 59, ce qui signifiait que je terminais la course largement dans le top 100. Il fallait encore attendre le classement au temps, qui est celui pris en compte pour l’Étape du Tour, mais j’étais plus que confiant.
Malgré le sentiment de satisfaction que me remplissait, il fallait encore redescendre vers le village arrivé dans la vallée, ce qui signifiait une nouvelle descente sous la pluie et dans le froid. Après avoir pris quelques victuailles au sommet, je m’élançais pas très motivé à l’idée d’être à nouveau congelé. Qu’importe, le résultat était là et il n’y avait plus qu’à profiter …
Quelques minutes plus tard, alors que je retrouvais mes esprits au village arrivée, j’apprenais mon classement officiel au temps qui me plaçait à la 77ème position, soit largement dans mon objectif du top 100. Après 4 tentatives échouées pour arriver à cette place dans l’Étape du Tour, je venais de réaliser un petit exploit au regard de mon modeste niveau. Alors quel sera mon objectif pour les prochaines Etape du Tour ? Top 50 ? Il y a encore du chemin …
Je retiens donc de cette Étape du Tour 2014 que je suis capable de faire de bonnes performances sous la pluie, et que le travail paye toujours. Si je n’ai toujours pas pu m’imposer sur une course cette année, mon niveau en montagne ne trompe pas : je réalise ma meilleure saison sur le vélo ! Du côté organisation, si celle-ci est au top au niveau sécurité, je tiens à noter les gros progrès réalisés au niveau de l’alimentation. Les ravitaillements étaient richement fournis, avec des boissons énergétiques déjà préparées à verser dans les bidons, tandis qu’un vrai plat chaud nous attendais à l’arrivée. Rien de plus normal me direz vous, mais ça n’a pas toujours été le cas sur l’Étape du Tour …
Si vous voulez avoir une idée de ce que nous avons vécu, voici une petite vidéo de l’organisation …