Dimanche 18 juillet, 3h40 du matin, mon réveil sonne déjà, mais le réveil n’est pas très difficile. Même après une courte nuit, l’excitation de la course prend le dessus. C’est le grand jour, celui que j’attends depuis bientôt 8 mois. Aujourd’hui, c’est l’étape du Tour …
L’heure du grand départ à sonnée
Après un petit déjeuner copieux, nous chargeons les vélos dans la voiture, direction Pau, ville de départ de cette édition de l’Étape du Tour 2010. En arrivant aux abords de la capitale des Pyrénées, nous sommes impressionnés par le nombre de vélos qui circulent déjà dans la ville à cette heure matinale. C’est certain, 9 500 cyclistes, ça fait du monde sur la route !
5h45, l’heure avance, et nous pouvons enfin enfourcher nos machines pour rejoindre la ligne de départ. Mes collègues du weekend (JB, Guillaume, Eric, Mickaël et Florient) sont tous prêts à en découdre pour cette journée de vélo. Je rejoins donc tranquillement mon sas de départ. Avec le numéro de dossard 206, j’ai la chance de me retrouver très bien placé sur la ligne, à seulement 10 mètres de l’arche qui symbolise le départ. Me voilà au milieu de très bons coureurs, et vu mes derniers entraînements, je ne suis pas très rassuré …
A 7h pile, le départ est donné, et le peloton part à toute allure dans les rues de Pau. Le final sinueux étire rapidement le peloton, et je m’efforce de rester bien placé dans les 50 premiers. Je me rend compte à ce moment là de la chance que j’ai d’être si bien placé. C’est un avantage indéniable pour le début de course.
Dans les premières positions, la nervosité est à son comble, et déjà quelques chutes se produisent. Il faut slalomer entre les coureurs assis par terre, et sprinter pour retrouver sa place dans le peloton. Si les 10 premiers kilomètres sont plats et parcourus à vive allure, dès la sortie de l’agglomération paloise, la profil se corse quelque peu.
Dès les premières côtes, je sens que les jambes sont dures, et que je ne suis pas dans un grand jour. Qu’importe ! Je suis devant et je veux y rester. Je force un peu pour suivre les meilleurs mais ces quelques montées me font déjà bien souffrir. Heureusement, cela ne monte pas trop longtemps, et les descentes permettent de revenir.
Un premier col catastrophique
Je jète un œil à mon compteur, et voilà déjà 45 kilomètres de parcourus. Nous approchons à grand pas du premier obstacle du jour, le col de Marie-Blanque. Pour être franc, c’est celui que je redoutais le plus, car les nombreux récits que j’avais pu lire sur Internet en faisait un épouvantail.
Comme prévu, ce premier col du jour ne fut pas une partie de plaisir. Si les 5 premiers kilomètres ne me posaient aucun problèmes, avec des pourcentages compris entre 6 % et 8 %, le panneau indiquant qu’il ne restait que 4 km de montée marquait pour moi le début des malheurs. Avec déclivité de 13 % à 14 %, je buttais sur la pente avec mon braquet de 39×25, et je sentais déjà venir des crampes dans les cuisses … Voilà ce que je redoutais le plus, les crampes, mais je ne pensait pas en être victime aussi tôt. Afin d’être sûr d’arriver en haut de Marie-Blanque en entier, je décidais de réduire le rythme pour faire passer ces satanées crampes.
Scotché au bitume, je me retrouvais en perdition au bout de 65 km seulement ! Je parvenais tant bien que mal à me hisser au sommet, qui signifiait pour moi une première délivrance. J’essayais quand même de garder le moral, même si je venais de perdre plusieurs dizaines de places par rapport au départ.
Le plateau de Benou bienvenue
J’entamais la descente du col de Marie-Blanque à fond, mais en m’appliquant à tourner rapidement les jambes, pour faire disparaître au plus vite mes crampes. Le premier ravitaillement était mis en place au milieu de cette descente, au plateau de Benou, et je m’arrêtais rapidement pour remplir mes bidons et prendre quelques denrées solides.
La fin de la descente était magnifique, et je profitais un peu du paysage quand cela était possible. Au début de la vallée, un gros peloton se formait devant moi, dans lequel je prenais place afin de récupérer un maximum et ne pas perdre trop d’énergies entre les cols.
Le rythme était soutenu, et les quelques « tapes-cul » avalés grand plateau. Je parvenais à m’accrocher sans difficultés, ce qui me permettais de reprendre des forces aussi bien physiquement que moralement.
Je parvenais donc au pied du col du Soulor sans encombres, et prêt à affronter une nouvelle montée. Juste avant le début du col, un nouveau ravitaillement nous attendais, et je ne me privais pas pour faire le plein de boissons. Dès les premiers lacets, j’adoptais un rythme plutôt cool, pour ne pas forcer sur les jambes et éviter l’apparition de nouvelle crampes. Dur dur pour le moral de se faire doubler tous les 20 mètres … Au fil de la montée, je me faisais dépasser successivement par Erik Zabel, toujours en jambes, puis par Alain Prost, cycliste confirmé depuis plusieurs années.
Arrivé en haut du col sans trop de difficultés, je me lançait une nouvelle fois dans une descente rapide, afin de rattraper une partie de mon retard.
Un final éprouvant
La descente du col du Soulor était pour moi synonyme de ravitaillement, car les femmes de mes coéquipiers du weekend nous attendaient avec des bidons bien frais. Quel plaisir quand il fait plus de 30° !
Il restait à ce moment là une vingtaine de kilomètres de vallée avant d’attaquer le géant des Pyrénées, le col du Tourmalet. Après avoir chassé derrière un petit groupe pendant 2 km, je décidais sagement d’attendre un groupe plus important qui était derrière moi. Une fois repris, je me calais une nouvelle fois dans les roues, même si le rythme était très faible.
L’approche du Tourmalet est un peu spéciale, puisque la vallée est en fait déjà en montée pendant de nombreux kilomètres. Il n’en fallait pas plus pour entamer sérieusement les organismes, et nous arrivions au pied du Tourmalet déjà bien fatigués. Sommet à 18,4 km, voilà le panneau qui indique le début de l’ascension. A ce moment là de la course, il faut avoir la tête bien accrochée pour ne pas se décourager !
J’entamais cette troisième montée de col à un bon rythme, que je parvenais à tenir sans trop forcer. Enfin ! Mes jambes revenaient peu à peu et je pouvais doubler petit à petit des groupes de coureurs. La chaleur était écrasante, et les quelques passages à l’ombre ne suffisaient pas à se refroidir. Néanmoins, je conservais un bon rythme, et je voyais défiler lentement les kilomètres restant à parcourir.
Le ravitaillement en eau à 9 km du sommet était le bienvenue, et nous permettait de repartir pour la fin de l’ascension avec de bonnes réserves. Les derniers kilomètres de ce col nous offrent un paysage somptueux, et à une allure comprise entre 10 km/h et 14 km/h, on a quand même le temps d’admirer tout ça. A 4 kilomètres de l’arrivée, je sentais que les jambes flanchaient, et je m’accrochais au moral. Arrivé à 2 km du sommet, un replat permettait de recharger quelque peu les batteries avant d’attaquer un final terrible : 1,5 km à plus de 10 %. Ça ne parait pas effroyable vu comme ça, mais avec 180 bornes dans les jambes, il faut s’accrocher !
Les derniers lacets étaient terribles pour moi, et je ne pouvais plus dépasser les 8 km/h, courbé sur mon vélo … Quelques petites poussettes des spectateurs m’aidaient à finir, et je traversais la ligne complètement lessivé en 7h33′ ! Quelle joie d’arriver tout là haut ! Même si je me doutais que mon résultat n’était pas extraordinaire, j’étais satisfait d’en avoir fini sans trop de problèmes.
Résultat mitigé
Cette magnifique journée de vélo m’a permis une nouvelle fois de fouler les routes historiques du cyclisme et du Tour de France, et de me mesurer aux exploits des coureurs professionnels d’aujourd’hui. Avec une organisation parfaite et un soleil radieux, on ne pouvait qu’être satisfait d’avoir posé ses roues dans les Pyrénées.
Je termine donc cette étape du Tour 2010 à la 441ème place (499ème au temps), soit un résultat bien en deçà de mon objectif du début de saison. Je souhaitait en effet améliorer mon score de l’an dernier (290ème au sommet du Ventoux), mais mon entraînement peu régulier depuis Mai ne pouvait me faire espérer un tel score. Dans le vélo, un manque de rigueur, ça se paye cash !
Je suis quand même content d’avoir parcourus ces 180 km, et je re signe sans hésiter pour l’étape du Tour 2011, qui aura certainement lieu dans les Alpes, pour le centenaire de la traversée de ce massif par les coureurs du Tour de France.
Innovation cette année, nous pouvons voir nos exploits en vidéo. Vous pouvez me voir en cliquant ici (dossard 206). Pour me reconnaître, ce n’est pas évident, mais je suis en maillot noir et casque blanc.
Allez, à l’année prochaine pour une nouvelle Étape du Tour, et maintenant on se tourne vers la fin de saison qui sera plus plate, mais quand même animée …
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