C’est avec un peu de retard que j’entreprends ce résumé de la Classique du Rocher, cyclosportive ardéchoise disputée dans le cadre des Boucles Drôme Ardèche, un duo de courses réservées aux professionnels. A la fin de notre stage d’entraînement avec mes équipiers du CC Verlinghem, nous avions décidé de nous engager sur cette épreuve pour faire une dernière sortie très rythmée et finir ainsi notre semaine de travail. Malgré le temps moyen des jours précédents, c’est un beau soleil qui nous attendait en ce matin du 1er mars pour disputer notre première course de la saison …
Tout explose dans le premier col
Ayant pris le temps de reconnaître le parcours lors d’une sortie d’entraînement dans la semaine, nous savions parfaitement où la course allait se jouer. En effet, après quelques kilomètres vallonnés, se dressaient sous nos roues une première vraie bosse de 3 kilomètres à 10 %. Le reste du parcours étant plus roulant, autant dire qu’il fallait tout donner à cet endroit pour espérer faire un bon résultat.
Logeant à Ruoms à quelques centaines de mètres du départ, nous nous rendions sur la ligne en vélo et prenions place dans les premières positions. Le départ était neutralisé pendant le premier kilomètre, et nous tenions à être bien placé dès le départ. Chose dite, chose faîte, car dès les premiers tours de pédale nous occupions les premières positions de notre imposant peloton.
Pour ma part, j’avais repéré les gros calibres venus s’affronter sur cette épreuve, et je savais que cette fameuse montée de 3 km allait être explosive. Les premiers kilomètres étaient parcourus à vive allure, et chaque talus était monté quasiment au sprint. Je devais m’arracher pour rester dans les premières positions et je sentais bien que je n’étais pas dans un grand jour. Il faut dire que nous enchaînions là notre 7ème jour de vélo consécutif …
Malgré cette fatigue évidente, j’abordais les Gorges de l’Ardèche dans les premiers et j’arrivais au pied de la Côte du Serre de Tourre bien placé. Dès les premières rampes, les plus costauds se plaçaient à l’avant et imprimaient un rythme d’enfer qui faisait exploser le peloton. J’appuyais de toutes mes forces sur les pédales, mais mon cœur ne montait pas et je peinais à trouver mon rythme. Je n’arrêtais pas de me faire doubler, mais à mi-pente, je prenais la roue d’un coureur plus rapide que moi en me faisant violence. Quelques mètres plus loin, je retrouvais des couleurs et commençais lentement à remonter alors que nous approchions du sommet.
200 mètres avant de basculer, je voyais un petit groupe se former devant mois et décidais rapidement des les rejoindre pour entamer la descente. Je remettais du braquet et finissait mon ascension quasiment au sprint, avant de plonger dans la descente à toute vitesse. J’avais vu les leaders franchir le sommet loin devant moi, et voulais à tout prix remonter le plus de places possible pour entamer la suite du parcours. Sachant que la descente était courte, je prenais tous les risques et remontais de nombreux coureurs pour me retrouver dans un 3ème groupe.
Un fin de course usante
Alors que nous n’avions qu’une trentaine de kilomètres au compteur, la physionomie de la course était déjà bien dessinée, mais je ne baissais pas les bras pour autant. Nous avions en point de mire le groupe qui nous précédais, et la fin des Gorges de l’Ardèche en toboggans nous permettait de ne jamais les perdre de vue. Mes compagnons de route ayant l’air autant motivé que moi, nous organisions bien les relais et parvenions à revenir sur le second groupe au bout de 15 kilomètres de chasse. A ce moment là, un groupe de tête d’une vingtaine d’unité avait déjà pris la fuite avec une bonne minute d’avance.
Je profitais de ce regroupement pour me relâcher et me ravitailler, avant de reprendre quelques relais pour continuer notre marche en avant. Malheureusement, c’était peine perdu car tous les favoris étaient devant et devaient visiblement bien s’entendre. Quelques kilomètres plus loin, se profilait le second col du parcours, plus roulant et plus exposé au vent. Étant donné mon état de fatigue déjà bien avancé, je redoutais quelques peu cette ascension qui était cependant attaquée à un rythme raisonnable. Comme dans la première bosse, j’éprouvais énormément de difficultés à trouver mon rythme, puis commencais à retrouver un coup de pédale plus fluide au bout de quelques minutes.
Notre groupe s’étiolait au fil des lacets et explosait carrément peu avant le sommet quand un membre du Team BV Sport plaçait une violente attaque. J’arrivais tant bien que mal à tenir le rythme, et nous passions le sommet dans un groupe recomposé d’une vingtaine d’hommes. La fin du parcours était exposée au vent de face et calmait un peu les ardeurs des attaquants, ce qui n’était pas pour me déplaire.
Les 10 derniers kilomètres étant à nouveau bien vallonnés, j’attendais mon heure en n’oubliant pas de prendre quelques relais pour faire progresser notre groupe. Voyant que le rythme n’était pas très élevé, je plaçais une attaque à 8 km de l’arrivée, mais le vent de face me ramenait rapidement à la raison. Quelques coureurs parvenaient quand même à prendre quelques longueurs d’avance, si bien que nous nous présentions à la flamme rouge pour jouer la 20ème place.
Ce dernier kilomètres était particulièrement tortueux, avec la traversée du centre ville puis un virage très serré à 200 mètres de la ligne. J’étais parfaitement placé pour le sprint, mais le coureur devant moi manquait de tomber dans ce fameux virage, m’obligeant à relancer quasiment à l’arrêt. Je franchissais la ligne en 25ème position, très éprouvé par l’effort et pas mécontent de ma performance compte tenu de la semaine de vélo que nous avions dans les jambes.
Les équipiers du CC Verlignem arrivaient peu après, pour un beau tir groupé autour de la 70ème place. Cette première cyclosportive de l’année fut donc riche d’enseignement, confirmant ma bonne forme et validant les heures de vélo enchaînées cet hiver. Notons aussi la très bonne organisation de la course, qui bénéficie de l’appui logistique de la course professionnelle disputée plus ou moins sur le même parcours l’après-midi. Voilà une belle expérience à renouveler !